"Le fait que rien ne change n'y change rien : chaque année, c'est la même histoire. Pauvres et riches, heureux et tristes, puissants et faibles communient dans une trêve de douze secondes au cours desquelles, abjurant le vice et proclamant la bonté, ils se souhaitent, nous nous souhaitons, en feignant d'y croire, une excellente année. (..) On a beau savoir qu'aucune aube n'est nouvelle, que la fin de l'année n'est que le début de la suivante, que dès le 1er janvier, à la seconde où le temps reprend son vol tout est à refaire, rien n'y fait . Comment se fait-il qu'aucun homme ne se sente vraiment concerné par les vœux qu'il reçoit, ou n'y croie quand il en présente, mais serait vexé qu'on ne lui en fasse pas et honteux de ne pas en présenter ? Pourquoi sommes-nous attachés à ce rite au point d'en pardonner plus aisément l'hypocrisie que l'absence ? Bonne année, bonne santé... "
Raphaël Enthoven
Lu dans:
Raphaël Enthoven. Matière première. NRF Gallimard. 2013. 151 pages. Extrait p. 126, 127
Parsley, Sage, Rosemary and Thyme. 7 O’Clock News/Silent Nigh. Ecouter : https://www.youtube.com/watch?v=uWyY3qUZifc
Alfred Schnittke (1934-1998). Stille Nacht (1978). pour violon et piano Ecouter : https://www.youtube.com/watch?v=3p372PPPEzU
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