"Dans l'attente sans appel
les témoins du corps
s'éteignent l'un après l'autre
Le toucher en premier
puis l'odorat
L'ouïe ne capte plus
que la vibration du son
à sa naissance
Le regard se fragmente
et s'effrite
N'en subsiste que l'irradiation
d'une tête d'épingle
inaltérée
au fond des iris."
Abdellatif Laâbi
Et si la sagesse consistait à vieillir sans en faire une maladie? Le hasard m'a fait découvrir le final de la symphonie Les adieux de Joseph Haydn, où le musicien facétieux suggérait à son prince Nicolas Iᵉʳ Joseph Esterházy que ses musiciens aspiraient à des vacances et à retourner chez eux. Dans la tonalité apaisante qui clôt le dernier mouvement chaque instrument quitte la scène, l’un après l’autre : d’abord premier hautbois puis second cor, basson, second hautbois et premier cor. Seules demeurent les cordes, avant que ne s’éclipsent successivement contrebasses, violoncelles, deuxièmes violons et altos. Ne restent plus sur scène que les premiers violons qui terminent seuls, en sourdine, dans une nuance de plus en plus piano. Toute vie devrait se terminer ainsi.
Lu dans:
Abdellatif Laâbi. Zone de turbulences. Clepsydre. Editions de la Différence. 2012. 112 pages. Extrait p. 21adresse électronique suivante : entrecafejournal-unsuscribe@yahoo.fr
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