"Deux navires peuvent naviguer de concert jusqu'à l'autre bout du monde. Mais amarrez-les en couple au milieu de l'océan et tâchez de les gouverner d'un seul gouvernail, ils s'entrechoqueront l'un contre l'autre et il se mettront mutuellement en pièces."
DH Lawrence, traduit par Simon Leys
Les vacances sont l'occasion de belles rencontres
littéraires. Ainsi le dernier ouvrage de Jean-Luc Outers "Un temps
immobile", qui revisite d'une plume légère ce temps cloîtré, aux humeurs
variées, du récent confinement. Ouvrage court mais dense, très
personnel, sur les répercussions du confinement et de la pandémie dans
nos vies. On y relit la fragilité de notre société, et des liens qui
nous unissent, parfois exacerbés par les tensions que provoqua une
promiscuité prolongée. Certains couples n'y résistèrent guère, pareils à
ces bateaux que chantait avec tendresse Mannick, et Jacques Brel.
"Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que les courants les entraînent trop fort
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
À ne jamais risquer une voile au dehors
De peur que les courants les entraînent trop fort
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
À ne jamais risquer une voile au dehors
Je connais des bateaux qui oublient de partir
Ils ont peur de la mer à force de vieillir
Et les vagues, jamais, ne les ont séparés
Leur voyage est fini avant de commencer
Ils ont peur de la mer à force de vieillir
Et les vagues, jamais, ne les ont séparés
Leur voyage est fini avant de commencer
Je connais des bateaux tellement enchaînés
Qu'ils en ont désappris comment se regarder
Je connais des bateaux qui restent à clapoter
Pour être vraiment sûrs de ne pas se quitter
Qu'ils en ont désappris comment se regarder
Je connais des bateaux qui restent à clapoter
Pour être vraiment sûrs de ne pas se quitter
Je connais des bateaux qui s'en vont deux par deux
Affronter le gros temps quand l'orage est sur eux
Je connais des bateaux qui s'égratignent un peu
Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux
Affronter le gros temps quand l'orage est sur eux
Je connais des bateaux qui s'égratignent un peu
Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux
Je connais des bateaux qui n'ont jamais fini
De s'épouser encore chaque jour de leur vie
Et qui ne craignent pas, parfois, de s'éloigner
L'un de l'autre un moment pour mieux se retrouver
De s'épouser encore chaque jour de leur vie
Et qui ne craignent pas, parfois, de s'éloigner
L'un de l'autre un moment pour mieux se retrouver
Je connais des bateaux qui reviennent au port
Labourés de partout mais plus graves et plus forts
Je connais des bateaux étrangement pareils
Quand ils ont partagé des années de soleil
Labourés de partout mais plus graves et plus forts
Je connais des bateaux étrangement pareils
Quand ils ont partagé des années de soleil
Je connais des bateaux qui reviennent d'amour
Quand ils ont navigué jusqu'à leur dernier jour
Sans jamais replier leurs ailes de géants
Parce qu'ils ont le cœur à taille d'océan."
Quand ils ont navigué jusqu'à leur dernier jour
Sans jamais replier leurs ailes de géants
Parce qu'ils ont le cœur à taille d'océan."
On souhaite une bonne reprise à tous ceux que touche
l'école, élèves, parents, et à tous ces maîtres qui sont plus que jamais des "jardiniers
en intelligences humaines" (Victor Hugo).
Lu dans:
Jean-Luc Outers. Un temps immobile. Gravures de Simon OUTERS. Taillis Pré. 2022. 103 pages. Extrait pp. 70-71
Mannick. Je connais des bateaux. 1984
Jean-Luc Outers. Un temps immobile. Gravures de Simon OUTERS. Taillis Pré. 2022. 103 pages. Extrait pp. 70-71
Mannick. Je connais des bateaux. 1984
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire