17 septembre 2022

Le temps des bourrasques

 "Il y a une mélancolie particulière qui accompagne le départ des oiseaux migrateurs. L'envers exact de la joie qu'on éprouve à leur retour au printemps. L'automne refermait son livre, l'hiver approchait de jour en jour." 

                        Henning Mankell

                       
 

Souvenirs de vacances heureuses en Bretagne. Deux semaines fabuleuses, c'était l'époque insouciante du plein soleil sans la canicule ni la sécheresse. Vers le 15 août survenait souvent un violent orage. Les oiseaux migrateurs nous quittaient, par vagues successives, et le ciel changeait de saison. Nos vies nous apprendraient par la suite qu'elles peuvent basculer aussi rapidement que le ciel breton après l'orage. N'avions-nous pas remarqué l'envol des canards sauvages? Il restait bien évidemment la promesse de belles journées, mais il fallait se préparer à affronter la bourrasque. Ce sont ces soirs-là, contemplant sur la plage les cumulonimbus en forme d'enclumes à éclairs, qu'on espérait nos proches à l'abri des tempêtes et qu'on mesurait à quel point ils nous étaient chers. Les orages bretons de vacances en famille sont bien éloignés maintenant, mais l'inquiétude pour nos amis et nos familiers est plus présente que jamais. L'automne se fait plus long, l'hiver plus dur, et l'affection éprouvée plus profonde. On se serre les uns contre les autres pour ne pas nous perdre, ensemble on se sent plus forts et la chaleur partagée est déjà un remède. Les hôpitaux ont remplacé les plages de vacances , mais ce sont bien les mêmes bourrasques, et les mêmes rêves d'éclaircies, l'esprit de vacances en moins. Et par soirs clairs, on fixe un foulard lumineux suffisamment haut aux fenêtres pour qu'il reflète "on est là".  





Lu dans :
Henning Mankell. Les chaussures italiennes. Seuil. Cadre vert. 2009. 352 pages


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