"Il y a une mélancolie particulière qui accompagne le départ des oiseaux migrateurs. L'envers exact de la joie qu'on éprouve à leur retour au printemps. L'automne refermait son livre, l'hiver approchait de jour en jour."
Henning Mankell
Souvenirs de vacances heureuses en Bretagne. Deux semaines
fabuleuses, c'était l'époque insouciante du plein soleil sans la
canicule ni la sécheresse. Vers le 15 août survenait souvent un
violent orage. Les oiseaux migrateurs nous quittaient, par vagues
successives, et le ciel changeait de saison. Nos vies nous
apprendraient par la suite qu'elles peuvent basculer aussi
rapidement que le ciel breton après l'orage. N'avions-nous pas
remarqué l'envol des canards sauvages? Il restait bien évidemment
la promesse de belles journées, mais il fallait se préparer à
affronter la bourrasque. Ce sont ces soirs-là, contemplant sur la
plage les cumulonimbus en forme d'enclumes à éclairs, qu'on
espérait nos proches à l'abri des tempêtes et qu'on mesurait à
quel point ils nous étaient chers. Les orages bretons de vacances
en famille sont bien éloignés maintenant, mais l'inquiétude pour
nos amis et nos familiers est plus présente que jamais. L'automne
se fait plus long, l'hiver plus dur, et l'affection éprouvée plus
profonde. On se serre les uns contre les autres pour ne pas nous
perdre, ensemble on se sent plus forts et la chaleur partagée est déjà un remède. Les hôpitaux ont remplacé les plages de vacances , mais ce sont bien les mêmes bourrasques, et les mêmes rêves
d'éclaircies, l'esprit de vacances en moins. Et par soirs clairs, on fixe un foulard lumineux suffisamment haut aux fenêtres pour qu'il reflète "on est là".
Lu dans :
Henning Mankell. Les chaussures italiennes. Seuil. Cadre vert. 2009. 352 pages
Henning Mankell. Les chaussures italiennes. Seuil. Cadre vert. 2009. 352 pages
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