"Quand on veut ferrer le poisson, on commence par soigner l'hameçon."
Sophie Kester
Sophie Kester. Au-dela des ombres. 180°. 2022. 336 p.
"Quand on veut ferrer le poisson, on commence par soigner l'hameçon."
Sophie Kester
"Rien jamais ne nous est dû."
Jean-Michel Longneaux
La saison des fruits rouges, fraises, groseilles, framboises est
aussi celle de l'émerveillement des gosses devant pareille
abondance gratuite. On cueille jusqu'à remplir le récipient, et
puis on donne en se servant au passage, sans paiement ni merci.
Observer la scène est une leçon de vie, on ne donne finalement
jamais que ce qu'on a soi-même reçu, en toute gratuité.
"À la fin du Mahâbhârata, d'un côté comme de l'autre, tous les fils des héros sont morts. Les mères, les épouses, les sœurs errent lentement parmi les cadavres, au lever du jour. Ce qui pourrait se présenter comme une victoire lumineuse n'est qu'un sordide et puant désastre.
D'ailleurs le poème le dit lui-même. À quelque dieu caché dans un lac qui demande : «Donne-moi un exemple de défaite », un homme donne la bonne réponse : « La victoire. »
Jean-Claude Carrière.
"Dans le cimetière de Mirabeau, tant la douleur me paralysait la tête et la voix, je n’aurais pas pu prononcer un mot devant le cercueil de mon ami [l'éditeur Jean Claude Lattès]. Mais, quelques jours plus tard, au cours de l’hommage qui lui a été rendu à la synagogue de la rue Copernic, je suis monté à la tribune pour dire à sa famille et à ses autres et nombreux amis combien j’avais été heureux d’être si proche de lui et combien son départ me rendait triste. J’ai commencé ainsi mon salut à Jean-Claude: « Dans l’amitié, il n’y a pas de promesses. Dans l’amitié, il n’y a pas d’engagement. Dans l’amitié, il n’y a pas de serments. L’amitié est un sentiment muet, même s’il unit deux bavards. »
Bernard Pivot
L'amitié est un sentiment muet. L'amour est volubile, déclarations,
serments, interrogations inquiètes, parcours jalonné de paroles et de
gestes, rien de tel dans la relation amicale et c'est sans doute ce qui
la rend si naturelle. L'amitié supporte bien le partage, n'étant guère
exclusive ni hiérarchisante. Mais peut-être faut-il du temps, et des
années, pour en mesurer la richesse. C'est ce qui rend la lecture du
petit ouvrage de Bernard Pivot, écrivain sur le tard après avoir tant
lu, si rafraichissante.
"Avec de l'Italie
Qui descendrait l'Escaut
Avec Frida la Blonde
Quand elle devient Margot
Quand les fils de novembre
Nous reviennent en mai
Quand la plaine est fumante
Et tremble sous juillet
Quand le vent est au rire
Quand le vent est au blé
Quand le vent est au sud
Écoutez-le chanter
Le plat pays
Qui est le mien."
Jacques Brel . Le plat pays
Cela porte un bien beau nom: solstice d'été, aux soirées
interminables et à la certitude de s'éveiller dans la clarté. Tout
paraît léger, et annonce le long pont des vacances. On feint d'oublier
qu'à partir de demain les jours raccourcissent, tout dans l’existence
n'est qu'équilibre. Bel été quand même, il est de superbes automnes.
"Pour être heureux il faut supprimer deux choses: la peur d'un mal futur et le souvenir d'un mal passé."
Sénèque
"Aucun penseur n'oserait dire que le parfum de l'aubépine est inutile aux constellations."
Victor Hugo
"Pas de boue, pas de lotus."
Thich Nhat Hahn
"Je ne ferai jamais que quelques pas sur cette terre (...)
le temps qui m'est donné que l'amour le prolonge."
René Guy Cadou
"C'est toujours toi qui m'accueilles
au bas de l'escalier (..)
Quand tes mains voleront sous les prèles
quand la terre baignera tes paupières
je reprendrai la vie où tu l'auras laissée."René Guy Cadou
"Ma vieille maison a son grenier, sous la pente, jonché de souvenirs sauvages, des objets. Les hommes sont des gardiens d’objets. Mais peut-être que ça va changer, peut-être que je vais me détacher des petites pièces, des collections, des miniatures. J’ai un bocal de surprises en plastique, un Schtroumpf costaud, une fée avec un tampon, à encre je veux dire, pour imprimer un petit cœur sur du papier. Je vais peut-être devenir un autre, nu. "
Luc Baba
"Aimer, c’est savoir ce dont l’autre a besoin et dans quelle quantité."
Katherine Pancol
"On ne s'ennuie jamais à contempler l'heur ou le malheur d'autrui tant il vous renseigne plus efficacement que n'importe quel docteur de l'âme sur vos propres désordres."
Katherine Pancol
« Et puis, il y a ceux que l'on croise, que l'on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, une demi-heure et changent le cours de votre vie."
Victor Hugo
"Vieillir, c’est devenir l’enfant que plus personne ne voit. L’enfant dont on dit qu’il a les cheveux gris. Dont on attend des choses, promesses, gloires et accomplissements, alors que tout ce qu’il souhaite, c’est rester à jouer avec son bâton en regardant tomber la pluie, les mains couvertes de boue. Je suis vieux, (..) parce que j’ai sept ans tous les jours depuis sept décennies, mais que personne ne le voit."
Antoine Wauters
"Lorsqu'on commande un café à Naples, on peut en régler un second indiqué sur l'ardoise du bar comme un café sospeso : un café suspendu, offert à qui entrera sans avoir les moyens d'en payer une tasse. Certains disent que cette tradition a été initiée lors des années douloureuses de la Seconde Guerre mondiale, elle serait née de l'habitude d'une bande de copains qui laissaient toujours un peu plus d'argent car ils ne savaient jamais lequel d'entre eux avait pensé à régler l'addition ; certains la font remonter au dix-neuvième siècle, lorsqu'il existait encore des cafetiers ambulants qui se promenaient avec deux gros récipients, l'un empli de café et l'autre de lait. Quand ils croisaient un malheureux, ils lui tendaient le café suspendu qu'un homme plus fortuné avait payé avec le sien, par solidarité et sans doute, dans ce pays imprégné de chrétienté, par charité. Un ami m'a dit que je me trompais, que c'est le fameux acteur Totè, proche de ses racines et généreux, qui en était l'instigateur. Peu importe son origine, le café sospeso vit encore aujourd'hui. On a beau faire une mauvaise réputation à Naples et recommander de prêter attention à son sac quand on s'y promène, il y a des tasses fumantes de générosité partout dans la ville."
Amanda Sthers
« Même un paysage tranquille
même une prairie avec des vols de corbeaux des moissons et des feux d’herbe
même une route où passent des voitures des paysans des couples
même un village pour vacances avec une foire et un clocher
peuvent conduire tout simplement à un camp de concentration…"
Nuit et brouillard. Alain Resnais et Jean Cayrol. Texte lu par Michel Bouquet
« Parfois je lève la tête et je regarde mon frère l’océan avec amitié. Il feint l’infini. Mais je sais que lui aussi se heurte partout à ses limites. Et voilà pourquoi, sans doute, tout ce tumulte. Tout ce fracas. " Romain Gary