"Un matin de 1937, sur le front de la guerre d'Espagne (..) George Orwell voit surgir une silhouette. Après avoir bondi des tranchées ennemies, un messager s'est retrouvé là, en ligne de mire, totalement à découvert. Le voici maintenant qui se met à courir... en retenant des deux mains son pantalon. Orwell baisse son arme. (..) Cet être qui cavale à demi-nu, c'est de toute évidence un semblable, un homme comme vous, et vous n'avez aucune envie de lui tirer dessus. Vous pouvez combattre quelqu'un, détester ses idées, pour autant vous n'avez pas le droit de ridiculiser son corps. «Des êtres humains essayaient de se comporter en humains », lit-on dès les premières pages de son magnifique témoignage sur la guerre d'Espagne, Hommage à la Catalogne."George Orwell, cité par Jean Birnbaum.
Autre conflit, autre regard, la "parade des vaincus" de 60.000 
soldats de la Wehrmacht à la fin de la seconde guerre mondiale. Obligés 
de défiler dans les rues de Moscou, gradés en tête, affamés que l'on 
gave auparavant d'une soupe aux choux grasse afin d'ajouter à la débâcle
 militaire une humiliante débâcle intestinale, sous les quolibets d'une 
foule réjouie.  Question sans réponse: quelle aurait été ma propre 
attitude, placés dans ces deux situations, perdu dans une tranchée en 
Catalogne la peur au ventre et un fusil à la main, ou dans la foule 
revancharde de l'après-guerre? Incertitude qui rend modeste quand on 
parle de courage. 
Lu dans: 
George Orwell. Retour sur la guerre d'Espagne. Œuvres. Gallimard. Bibliothèque de la Pléiade 2020. 1664 pages. Extrait p. 1274
George Orwell. Retour sur la guerre d'Espagne. Œuvres. Gallimard. Bibliothèque de la Pléiade 2020. 1664 pages. Extrait p. 1274
Jean Birnbaum. Le courage de la nuance. Seuil. 2021. 140 pages. Extrait p. 85-86
 
 
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