"N’oubliez pas la ville n’est pas
bâtie de murs mais de mains d’hommes
n’oubliez pas n’oubliez pas
le bruit des métiers
l’odeur du soleil
la fenêtre ouverte
sur le point du jour
les regards humains
les voix et les mains
les marchands de livres
aux enseignes peintes
le violon des rues
le vin du printemps
la fête du peuple
et l’accordéon
N’oubliez pas la ville n’a pas
un centre elle a un cœur battant
n’oubliez pas n’oubliez pas
le jardin public
la terrasse fraîche
le nez des enfants
dans la menthe à l’eau
et tous ces humains
aux routes croisées
tissant des filets
d’espoirs et de rages (..)
N’oubliez pas la ville n’est pas
de fer de pierre elle est vivante
n’oubliez pas n’oubliez pas."
Henri Gougaud
J'ai pour ma ville une affection qui de tout temps a intrigué mon
amie Cécile, qui me partage ce texte. De Bruxelles je connais pourtant
les verrues, les ridules, les pattes d'oie, le double menton, les
varices aux jambes molles, tout ce qu'on dissimule et retend pour donner
un visage présentable à une maîtresse qui vieillit mal. Elle parle
toutes les langues, et en a oublié la sienne, ses porches offrent des
abris à ceux qui n'en ont pas, c'est le souk et le Bronx qui convolent,
avec de soudains éclairs de beauté quand le soleil caresse les façades,
les terrasses, les parcs que chantait Brel avant les Marquises. Un soir
de jury terminé tard, caniculaire, je me souviens avoir perdu le
contrôle de ma moto sur la petite Ceinture et m'être retrouvé à minuit
sur la Grand-Place, puis à de Brouckère et enfin aux Halles Saint-Géry,
badaud parmi les noctambules fêtant l'été revenu, trompant un court
moment un quotidien sévère pour une bouffée bohème. François Hollande
chez Julie Gayet en quelque sorte, mais sans les paparazzi. "La ville
n’est pas / de fer et de pierre / elle est vivante / n’oubliez pas n’oubliez pas."
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