"Nous aurons beaucoup ri nous deux ensemble
ri sans autre raison qu'avoir raison de rire
Légères cloches rieuses des dimanches de la vie
étincelles de sagesse savoir modeste qui va pieds nus
entre musique et carillon entre tendresse et
dérision entre pitié et ironie . "
Claude Roy (Le Haut Bout, 15 avril 1983)
Pâques, des cloches, des œufs et des rires. La ligne que trace la mer
sur l'horizon, ce soleil qui hésite, les dunes glissades et escalades,
ce cornet à deux boules, ce maillot qui gratte, nous fûmes ces gosses
qui pour un jour de plage auraient subi toutes les attentes dans les
gares et sur la digue. Il est de bon ton aujourd'hui de les moquer, d'en
faire des inciviques mettant la vie des autres en danger, de jouer aux
conseilleurs, de les dissuader de bénéficier des délices que procure un
peu de sable chaud et de rêve. Me souvenant de ma capacité de rire, bien
émoussée, et celle d'imaginer un avenir aussi vaste que le ciel sans
limite, je n'ironiserai pas devant ces pauvres foules patientant en rang
serré en attendant le train. A toute détresse laisser une issue, une
fissure infime qui laisse imaginer comment ce sera quand tout ce chaos
se terminera.
Lu dans :
Claude Roy. A la lisière du temps. La pluie en rêve. NRF Gallimard. 208 pages. Extrait p.89
Claude Roy. A la lisière du temps. La pluie en rêve. NRF Gallimard. 208 pages. Extrait p.89
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