Eli, Eli, lema sabaktani.
Pourquoi m’as-tu abandonné ?
Mathieu. 27:46
Son image m'a hanté depuis hier. Elle est venue prendre des
nouvelles de son fils, au respirateur depuis deux semaines, sans espoir
de guérison. Elle l'a pressenti mais attend une confirmation, que je
peine à prononcer. Elle s'effondre, étage par étage, je la vois se
tasser et pleurer en silence, interminable. Les mots qui viennent,
imperceptibles, "j'ai tant prié, tout cela pour rien", sonnent comme un
double deuil: celui de son fils, celui de sa foi et on ne sait lequel
est le pire. Que si peu de mots de ma bouche puissent provoquer pareille
douleur me font douter que mon choix fut le bon: un peu de mensonge, et
l'espoir qu'il entretient, ne sont-ils parfois pas préférables à
l'énoncé de la réalité. C'est trop tard de toute façon, elle se lève en
silence, se retourne et s'en va voûtée comme je ne l'ai jamais vue. Tout
n'a duré que cinq minutes, qui résument six mois de lutte contre une
maladie sournoise que personne n'avait imaginée et dont nul ne sort
indemne.
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