"Le vieux berger était déjà loin, là-bas dans la pente. Ça suivait tout lentement derrière lui. C'était des bêtes de taille presque égale serrées flanc à flanc, (..) de bonne santé et de bon sentiment, ça marchait encore sans boiter. Le vent de la nuit venait faire son nid dans la laine des oreilles et les agneaux couchés comme du lait dans l'herbe fraîche, et les pluies. "
Jean Giono
Ce matin, entre deux visites, j'ai croisé un troupeau de moutons,
guidé par un vrai berger et son chien. Le Ring Ouest, à 200 mètres,
était encombré, une ambulance de réanimation tentait de s'y frayer un
passage vers l'hôpital Érasme tout proche. Un couple de hérons guettait
une proie entre les roseaux dans l'étang de décharge desservant
l'autoroute, entre une rangée de mouettes pensives alignées comme avant
une parade. Il n'est rien de mieux que quelques brebis et leurs agneaux
pour s'envoler dans le temps et l'espace. Qui n'a rêvé d'acquérir une
bergerie en Provence, ou comme Tityre de s'endormir sous un hêtre en
jouant du pipeau. Un court instant, j'étais redevenu cet enfant couché
dans la garrigue. Ma ville, terre de contrastes.
Lu dans:
Jean Giono. Le grand troupeau. Gallimard. 1972. 256 pages.
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