« On dit qu'avant d'entrer dans la mer, la rivière tremble de peur.
Elle regarde en arrière le chemin qu'elle a parcouru depuis les sommets des montagnes
la longue route sinueuse traversant forêts et villages
et elle voit devant elle un océan si vaste qu'y pénétrer
ne parait rien d'autre que de devoir disparaître à jamais.
Mais il n'y a pas d'autre moyen la rivière ne peut pas revenir en arrière
personne ne peut revenir en arrière.
La rivière a besoin de prendre ce risque et d'entrer dans l'océan
ce n'est qu'en entrant dans l'océan que la peur disparaîtra
parce que c'est alors seulement que la rivière saura
qu'il ne s'agit pas de disparaître dans l'océan mais de devenir océan. »
Mikhael Nouaima (1889-1989). Le dernier jour.
Surgit en mémoire l’impressionnant fleuve Saint-Laurent, dont on
longe les berges s'éloignant progressivement l'une de l'autre. Et
soudain, au loin l'absence de berge, le fleuve est devenu mer.
Expérience inoubliable, qui nous ramène à notre propre finitude.
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