"Le soleil, plus bas, semblait saigner. Et une large traînée lumineuse, une route éblouissante courait sur l'eau depuis la limite de l'océan jusqu'au sillage de la barque. Les derniers souffles de vent tombèrent, toute ride s'aplanit, et la voile immobile était rouge. Une accalmie illimitée semblait engourdir l'espace, faire le silence autour de cette rencontre d'éléments. Tandis que, cambrant sous le ciel son ventre luisant et liquide, la mer, fiancée monstrueuse, attendait l'amant de feu qui descendait vers elle. Il précipitait sa chute, empourpré comme par le désir de leur embrasement. Il la joignit et, peu à peu, elle le dévora. "
Guy de Maupassant.
Comme la mère étreint son enfant, la mer étreint le soleil, et
c'est fort joliment décrit. Une écriture somptueuse et sensuelle qu'on
pourrait lire en maternelle, tant elle décrit la passion avec pudeur et
délicatesse.
Lu dans:
Guy de Maupassant. Une vie. Paris, Victor Havard, 1883.
idem. Coll J'ai Lu. 2013. 190 pages
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire