"Inquiétant, non, un homme qui ne dit rien. Je ne sais pas si vous l'avez constaté, mais quand un homme ne dit rien alors que tout le monde parle, on n'entend plus que lui ! "
Raymond Devos
Que penserait Devos s'il lui revenait d'assister à un débat télévisé
actuel, arènes bruyantes et désordonnées où semble régner la peur du
silence, devenu signe d'inexistence pour l'invité à qui on a oublié de
donner la parole. Le même Devos qui notait déjà avec gourmandise que
"dès que le silence se fait, les gens le meublent." Dans un récent
article du Monde Ariane Mnouchkine, fondatrice du Théâtre du Soleil,
rêve "d'assemblées où la confiance serait telle qu’on pourrait
converser. Où l’on s’écouterait vraiment, où on ne se jugerait pas avant
même le complément d’objet direct, où l’on ne serait pas en train de
préparer la réponse pendant que l’autre parle, où l’on admettrait qu’il
faut parfois un silence, après, pour réfléchir à ce que l’autre vient de
dire. Converser, cela voulait dire : vivre ensemble. Dans les débats,
c’est le contraire : les gens sont plus divisés à la fin qu’ils ne
l’étaient au début." On est samedi, et on change d'heure, occasion
rêvée de beaux et vrais échanges sur l'étrangeté du dire et de l'écoute.
Lu dans:
Ariane Mnouchkine. La censure se glisse partout, dans la trouille surtout. Le Monde. 22.02.2018. Propos recueillis par Brigitte Salino
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