"C'est un endroit, ici, où tu prends congé de toi-même. (..) . Cela ne meurt pas, non. cela glisse de l'autre côté de la vie. Si légèrement que c'est comme une danse."
Alessandro. Baricco.
Le Saint Laurent, longé depuis plusieurs jours, irrigue notre périple comme un guide discret de plus en plus imposant. Les deux berges se sont progressivement éloignées l'une de l'autre, se laissant deviner par un trait de lumière ou d'or. Les yeux vous piquent devant pareille grandeur.
Et soudain ce sentiment étrange, bouleversant: l'autre berge a disparu, évaporée dans l'infini. On met un moment pour comprendre que le grand fleuve a rejoint la mer pour s'y fondre, sans nostalgie ni effet d'annonce, de la manière la plus naturelle qui soit. Perdant ses berges, il se libère aussi de ce qui l'enserrait, sa grandeur devient immensité. Rarement aurai-je perçu avec une telle évidence ce que les mots "lâcher prise" veulent dire: se perdre en gagnant tout.
Lu dans:
Alessandro Baricco. Océan Mer. Trad. Françoise Brun . GALLIMARD.2002. 282 pages.
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