"Une vieille légende yiddish raconte avec esprit qu’un jour les femmes, fatiguées des injustices dont elles étaient victimes et en quête d’émancipation, décidèrent d’envoyer l’une d’entre elles plaider leur cause auprès de l’Eternel. Elles choisirent la plus érudite et la plus éloquente de toutes les femmes, une dénommée Skotzel, et lui demandèrent d’être leur avocate auprès du Tout-Puissant. Puis elles grimpèrent sur les épaules l’une de l’autre et placèrent Skotzel tout en haut de cette pyramide humaine pour tenter d’atteindre le ciel. Malheureusement, au bas de l’édifice, l’une d’entre elles trébucha et entraîna toutes les femmes dans sa chute. Une fois relevées, elles découvrirent avec stupeur que Skotzel avait disparu."
Sagesse yiddish
La légende est belle. Nos qualités n'ont de sens qu'en lien avec celles de nos semblables, fussent-ils les plus faibles. Simone Veil, qui fut tout à la fois la plus érudite et la plus éloquente, était aussi le symbole de la plus faible, tout au bas de la pyramide humaine. Elle sera inhumée ce jour au cimetière de Montparnasse auprès de son époux, simple humaine rejoignant la terre nourricière. En yiddish, un homme exemplaire, capable de guider et d’inspirer sa génération, est appelé un mensch. On ne connaît pas le féminin de ce terme. Mais comme l'écrit joliment Delphine Horvilleur, on peut aujourd'hui deviner à qui il ressemble.
Lu dans:
Delphine Horvilleur. Simone Veil, notre mensch. Le Monde 5 juillet 2017. D. Horvilleur est rabbin au sein du Mouvement juif libéral de France.
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