"Où cours-tu , Aurore ? Reste, si mince et bouleversante lueur
l'heure que je préfère
où le monde s'apprête à être le plus pur où l'air est le plus frais
où l'oiseau tire de son gosier le chant le plus liquide et le plus miraculeux
où la feuille de l'arbre retombe dans la première pâleur
couverte de la rosée que l'air mystérieusement pleure."
Pascal QUIGNARD
L’aurore, cette lueur fugace, brillante et rosée qui annonce le lever du
soleil, court intervalle durant lequel le jour semble se ramasser comme
un chat juste avant qu'il saute. Comme si toute notre vie se jouait
dans les interstices, se chargeant d'une densité particulière entre le
jour et la nuit, entre deux saisons, entre deux anniversaires, entre
deux phases de l'existence. Le temps se suspend, on retient son souffle,
présumant qu'un instant plus tard on sera dans tout autre chose,
d'inconnu mais qu'on aspire à découvrir. L'aurore succède à l'aube,
première lueur du soleil qui blanchit l’horizon et annonce qu'aucune
nuit n'est sans fin. Son frère jumeau le crépuscule rappelle
discrètement qu'aucune vie n'est sans fin.
Pascal QUIGNARD. Une journée de bonheur. Arléa poche. 2017. 142 pages
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