"Il existe autant de sortes de silence qu'il y a de mots".
Marc de Smedt
Le silence n'a pas la même densité si on est seul, à deux ou à vingt
mille. S'il meuble une complicité ou prolonge une querelle. S'il est
choisi, habité par les multiples bruits du bonheur, s'il s'impose comme
une évidence à l'écoute d'un brame, d'une musique, d'un poème, s'il nous
plonge en nous-même ou nous transporte vers l'infini. Il est précieux et
si vulnérable qu'on dit qu'"un ange passe" quand à table la saveur des
plats l'emporte sur les échanges, créant un court moment de partage
presque monacal durant lequel seules les papilles communiquent. Un rieur
rompt rapidement le charme par une vanne plus ou moins fine, tuant
l'ange en vol. Le silence serait-il un danger qu'on s'en échappe si
vite? Je l'apprécie particulièrement à la fin du jour, me lavant des
bruits du monde pour pénétrer frais dans la nuit. Ce silence-là est du
concentré de vie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire