"Le temps est venu de présenter au grand jour l'œuvre d'une vie de patience. Alors que je mettais un point final à ce livre, une phrase, un soir, est montée doucement à ma conscience : «En accord avec soi.» On ne saurait mieux dire.
François Cheng
A la lumière de ma lampe de bureau dans le cabinet silencieux, je
contemple la marqueterie du vieux meuble qui a entendu malgré lui tant
de tourments. Il a cent ans, a connu deux médecins et des milliers de
patients s'y sont assis. Ce n'est qu'un objet, mais une étrange paix
s'en dégage, comme s'il absorbait les misères humaines en se laissant
caresser. Il donne envie de créer quelque chose de beau, de lent, de
silencieux, qui coûte en temps et en énergie, une musique si on est
musicien, un texte si on est poète, un banc si on est menuisier, une
jarre si on est potier, une vasque fleurie si on aime les fleurs ou une
toile si on est peintre. Le contraire d'un achat, si vous voyez ce que
je veux dire, mais un projet qui nous reconstruise, propre à rassembler
les miettes de notre puzzle intérieur éparpillé par les secousses de
l'existence. Créer quelque chose de beau pour terminer "en accord avec
soi", quelle belle thérapie.
Lu dans:
François Cheng. Et le souffle devint signe. L'Iconoclaste. 2014. 134 p.
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