«Trop énorme, ça me pompe grave."
Il y a un effet identitaire dans les tics de langage, ces «grands
indispensables inutiles». Aussi irritants soient-ils parfois, leur
connotation n’est pas seulement négative mais ils trahissent souvent
un fossé générationnel. Un père de famille peut s’énerver de
l’emploi du «trop énorme» et autres «tu vois, genre» qui sortent
en flots de la bouche de sa marmaille mais, malgré les
alternatives qu'il pourra proposer, rien n’y fera. Parce que
ladite marmaille utilise ces expressions exprès, inconsciemment ou
non, pour se différencier et montrer son appartenance à un clan
excluant les parents. Ces frontières générationnelles ne sont
d'ailleurs guère poreuses, le sexagénaire qui s’essaiera à un «ça
me pompe, grave», là où d’ordinaire il dit «cela a le don de
m’agacer», frisera le ridicule au mieux, ou au pire suscitera l’indignation
devant sa vulgarité.
Lu dans:
Anne-Sophie Leurquin. «Carrément», «Du coup» : les tics de langage, inutiles et indispensables. Le Soir jeudi 3 mars 2016.
Michel Francard. Vous avez de ces mots… Chronique Le Soir
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