"Croyez-moi, le monde est beau."
Karel CAPEK
En 1936 Karel Capek met le cap vers le nord, destination le
Danemark, la Suède et la Norvège. En train ou en bateau, il admire les
forêts à perte de vue, s'arrête fasciné dans les fjords "c'est une chose
qui ne fait plus partie de ce monde, une chose indescriptible", salue
les vaches noires et blanches, et rêve devant les fermes rouges qui
semblent si accueillantes : "Ce n'est rien qu'un petit pont de pierre qui enjambe une rivière
paisible ; et pourtant ce pont semble mener de l'autre côté, vous savez,
de l'autre côté, là où les soucis et la hâte n'existent plus, et où,
probablement, on ne meurt jamais. Ce n'est rien qu'une maisonnette rouge
et blanc entre des arbres verts ; mais, ma foi, on se dit qu'on serait
heureux si on y vivait ; je sais bien que ce n'est pas vrai, que ce
n'est pas si facile d'être heureux, et que cela ne s'apprend pas, même
au paradis ; mais ce pays est ainsi fait que le voyageur y est
immédiatement enclin à croire à la paix, à la tranquillité, au calme et
aux vertus cardinales."
Et si ce petit pont de pierre était notre moyen de surpasser les
désillusions, découragements et petites trahisons du quotidien? On rêve
tous d'"un autre côté", à portée de main, où poser sa tête et son sac. Sa
simple description, comme dans ces belles lignes de Capek, est déjà un
bonheur, qui nous fait envisager la nuit sans crainte.
Lu dans:
Karel CAPEK. Voyage vers le nord. Traduit du tchèque par Benoît Meunier. Les Editions du Sonneur. 2010. 288 pages. Extraits pp 199 et 265
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