"Les choses sont simples
bien sûr
elles ne peuvent faire autrement
tu mords le pain
le couteau brille
le soleil entre
dans la rue
on crie."
Yannis Ritsos
Tant de violence en une seule journée, à Saint-Quentin-Fallavier, à 
Sousse, à Koweït city. Chez nous, sur la placette bien nommée "de la 
Beauté" sourd depuis peu une fontaine bienvenue. Il fait chaud, le 
nightshop offre ses bières fraîches, des groupes devisent, nombreux pour
 l'heure tardive. Le ramadan décale les horaires, l'ambiance est bon 
enfant, la Méditerranée remonte jusqu'à l'Escaut. Je croise quelques 
voisins endimanchés qui se rendent à la prière dans la mosquée voisine 
et qui me saluent avec amitié. Soudain, surgit le souvenir de ma 
première lecture, "La Remplaçante" dans la collection Roitelet 
(Averbode), huit adolescents main dans la main "marchant dans la nuit 
profonde" arabes et français confondus. On est à deux mois de la 
déchirure algérienne qui les divisera définitivement. Notre coexistence 
est si fragile dans nos quartiers cosmopolites, et cette fragilité 
chacun la ressent sans l'évoquer: les tueurs vus à la télé sont 
paraît-il tous si normaux. Combien sur une placette comme la nôtre, un 
prochain soir où la folie du monde souffle?  
 
 
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