"Nous voulons t'éduquer parce que nous avons confiance en toi, parce que nous pensons que tu pourras mieux faire, infiniment mieux que ce que nous te laissons en héritage. Mais pour cela, tu dois aller. Nous quitter, oui, parce qu'en restant en la maison du père, en ses origines, on n'est pas prêt à affronter l'avenir. Tu dois aller, aller pour toi, pour ta vie et celle de tes frères humains. Tu vas t'éloigner. Mais si ton pas est sûr, si tu sais éviter les embûches et les pièges, si tu prends la relève, une relève meilleure, alors nous pourrons te regarder partir l'âme en paix, avec le sentiment du devoir accompli. Nous pourrons nous effacer et nous réjouir infiniment lorsque tu passeras nous saluer, nous raconter comment tu fais pour vivre en humain digne de ce nom. Va pour toi, enfant."
Myriam Tonus
Beau texte sur la notion d' "élever" un enfant, comme on élève une offrande vers le ciel, ou encore comme on élève (construit) un mur. Le Baloo que je fus se souvient avec émotion du récit que nous faisions en fin de veillée en fin de camp aux louveteaux qui quitteraient bientôt la meute, tiré du Second livre de la Jungle, quand Mowgli l'enfant-loup quitte ses frères pour rejoindre les hommes. "— Allons, lève les yeux, Petit Frère, répéta Baloo. Il n’y a pas de honte à cette chasse-là. Lorsque le miel est mangé, on abandonne le rayon vide. — Lorsqu’on a jeté la peau, dit Kaa, on ne peut pas y rentrer de nouveau. - Mais souviens-toi pour toujours que Bagheera et les autres t'aimaient." Aimer c'est laisser aller.
Lu dans:
Myriam Tonus. Elève-moi!. Couleur Livres. 2014. 128 pages. Extrait p. 59
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