"Rien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant."
Pascal. Pensées. Edition Brunschvicg, fragment 131.
J'avais lu naguère que les Inuits ne comprenaient rien à LA
grande peur de l'homme blanc, celle qui le saisit face à
l'éventualité de s'ennuyer. Une récente étude universitaire
conforte cette crainte: la plupart des gens semblent préférer
faire quelque chose, même désagréable, plutôt que rien. Une
cohorte variée de 800 personnes issues du milieu étudiant, d'une
paroisse, d'un marché, " de 7 à 77 ans" selon l'expression
consacrée, hommes et femmes, livrés à eux-mêmes dans une salle ou
à leur domicile durant une dizaine de minutes à ne rien faire si
ce n'est penser, préfèrent s'adonner à des activités banales,
voire choisissent la phase douloureuse du protocole auquel ils participent -
l'administration d'une ou plusieurs décharges électriques - plutôt
que de subir une passivité totale d'un quart d'heure. Les auteurs
pensent qu'ils veulent juste s'infliger un choc pour se sortir de
l'ennui, la stimulation négative s'avérant somme toute préférable
à l'absence de stimulation. La plupart, lorsqu'ils en ont
l'occasion contreviennent aux consignes en se dissimulant pour
chipoter leur portable ou écouter de la musique. La méditation
vers la pleine conscience a du pain sur la planche...
Chantal Maton. Devenons-nous incapables d'inactivité? Journal du Médecin 19.9.14. p.21
Ch. M. Wilson TD et al. Social psychology. Just think: the challenges of the disengaged mind. Science. 2014 Ju14; 345(6192) : 75-7
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