11 avril 2013

D'Homère à Neruda


"Tout pouvoir occupe tout l'espace disponible."
Thucydide

Une journée s'achève, pas trop chargée professionnellement, qui me permit de lire ma presse quotidienne, quelques pages d'un ouvrage d'histoire sur le quotidien d'Hitler, des mails empreints d'amitié, de poésie et de sagesse simple, de visionner les actualités du monde. Se mêlent dans ma tête au moment de plonger dans le sommeil, pêle-mêle quelques réflexions sur l'emprise de l'argent visible et invisible, la folie du pouvoir, l'aveuglement des convictions extrêmes. Et puis ces quelques images fugaces de la dépouille de Pablo Neruda le poète chilien décédé quelques jours après la chute de son ami Allende, exhumé à fin d'enquête de la tombe où il reposait face à l'océan Pacifique. Je crois l'entendre murmurer un de ses premiers poèmes "hier est un arbre aux longs branchages, à l'ombre duquel je suis allongé, abandonné à la mémoire": même dans la mort il ne connaîtra plus le repos. Fut-il empoisonné comme on le soupçonne, par crainte des phrases trop évocatrices de liberté? Tout pouvoir occupe tout l'espace disponible, prédisait Thucydide avant de connaître lui-même une mort violente: Homère est nouveau ce matin, et rien n'est aussi vieux que le journal d'aujourd'hui (*).   


Lu dans:
Thucydide cité par Jean-Claude Barreau. L'Eglise va-t-elle disparaître? Seuil. 2013. 132 pages, p.116
Péguy cité par Raphaël Enthoven. Matière première. NRF Gallimard. 2013. 151 pages, p 39.

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