"Donc, voici, j'écris pour Libération. Je suis sans sujet d'article. Mais peut-être n'est- ce pas nécessaire. Je crois que je vais écrire à propos de la pluie. Il pleut. Depuis le quinze juin il pleut. Il faudrait écrire pour un journal comme on marche dans la rue. On marche, on écrit, on traverse la ville, elle est traversée, elle cesse, la marche continue, de même on traverse le temps, une date, une journée et puis elle est traversée, cesse. Il pleut sur la mer, sur les forêts, la plage vide."
Margurite Duras
En trois lignes, c'est tout notre quotidien qui défile. Le bruit doux de la pluie m'a réveillé. Une nouvelle journée s'ouvre, "on traverse le temps, une date, une journée et puis elle est traversée, cesse". Ni grand bonheur particulier à en attendre, et on l'espère ni grande peine. Une journée.
Lu dans:
Marguerite Duras. L'été 80. Les Editions de Minuit. 1980, 2008 (Collection Double) . 103 pages. Extrait page 9.
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