21 février 2012

Vieilles frontières

"Il erre dans l'infini
entre quatre murs
pourtant
l'idée de se faire la belle
ne l'a jamais effleuré."
A. Laâbi
Le même jour me permet de découvrir deux textes d'exil, trempés dans la même encre.  Abdellatif Laâbi le Marocain, qui connut les geôles de son pays durant plus de huit ans à Kénitra, et "Shemà Israèl, Écoute Israël", la plus importante prière d'un Juif à Dieu, annotée par Erri de Luca, ouvrier, écrivain et poète italien contemporain. Ils alignent des phrases sobres pour pleurer des patries qui se sont refermées comme un sac sur ceux qui y avaient bâti leur vie. Troublante similitude entre ces prisonniers, habitant parmi nous, incapables de quitter leur banlieue, leur barre, leur tour d'habitation sociale et ceux de Varsovie qui réussirent à s'enfuir du train vers Treblinka en sautant du wagon et n'eurent d'autre refuge que de rentrer à nouveau dans le ghetto. Les rives de leur voyage se confond avec la ligne d'horizon jusqu'où porte leur regard.

Lu dans:
Abdellatif Laâbi. Zone de turbulences. Clepsydre. Editions de la Différence. 2012. 112 pages. Extrait p. 46.
Erri de Luca. La première heure. Gallimard 1997. Folio 5363. Extrait page 140.

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