"Selon le sinologue François Jullien, la remarque souvent citée qui veut que l'idéogramme chinois signifiant « crise» combine les notions de « danger» et de «bonne occasion» est en réalité une reconstruction occidentale. Le caractère chinois fait plutôt penser à la détente de l'arbalète, c'est un mécanisme de libération. Ainsi, en grec, en chinois et, pour autant que je sache, dans d'autres langues, le mot transmet le sentiment d'un avant et d'un après, dune accumulation de tensions et d'un brusque et bref passage entre plusieurs voies possibles: c'est I'instant crucial du carrefour qui détermine l'avenir."(communication personnelle de F. Jullien à Susan George)
La crise qui se creuse et s’amplifie conduit-elle au désastre ou au dépassement ? Pour Edgar Morin, l'hypothèse d'un effondrement qui rappellerait celui qui faillit éliminer la vie à la fin du primaire est possible. Quelques rares espèces avaient survécu puis de nouvelles espèces étaient apparues. Le chaos peut être destructeur, mais peut aussi être l’ultime chance d’une métamorphose pareille à celle de la chenille en papillon. Quand la chenille entre dans le cocon, elle commence un processus d'autodestruction de son organisme de chenille, et ce processus est en même temps celui de formation de l'organisme de papillon, lequel est à la fois le même et un autre que la chenille. Il reste à imaginer à quoi pourrait ressembler notre société métamorphosée de larve en papillon.
Lu dans:
Susan George. Leurs crises, nos solutions. Albin Michel. 2010. 366 pages. Extrait page 30.
Edgar Morin. Vers l'abîme? Herne Ed. 2007. Collection : Carnets de l'Herne. 181 pages.
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