20 novembre 2011

Dépasser est un plaisir bref

"Au même titre que la calamité du raccourci, qui s'avère toujours le plus long chemin entre deux points, la malédiction de la mauvaise file semble être une loi universelle de la conduite."
P. Barthélémy
L'autre voie avance-t-elle vraiment plus vite ? Guère. Deux chercheurs de Stanford démontrent dans Nature que ce problème crucial n'existe pas. Dès qu'un bouchon se forme, les deux files évoluent à la même vitesse même si, par moments, une file ralentit alors que l'autre progresse. Au bout du compte, on est dépassé autant que l'on dépasse. Cependant, ces deux phénomènes ne sont pas symétriques dans leur distribution temporelle. Sur les dix minutes, on passe moins de temps à doubler qu'à être doublé. Cela est dû à l'écart entre les voitures. Lorsque celles-ci sont à l'arrêt, pare-chocs contre pare-chocs, les chanceux de la file voisine peuvent en dépasser trois en une seconde. En revanche, comme les automobiles qui roulent sont séparées par une certaine distance, on ne sera jamais dépassé par trois véhicules en une seconde... L'impression que l'autre file est plus rapide provient de cette dissymétrie. Dépasser est un plaisir bref, être dépassé une torture longue. Nos vies aussi sont des chemins, où nous sommes dépassés en permanence. Vraiment?


Lu dans:
Pierre Barthélémy. L'autre file avance-t-elle vraiment plus vite ? Le Monde. Planète. 18.11.11.

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