13 mars 2010

La persistance du jasmin

"Le jasmin entête. On pourrait avancer les yeux fermés, s'orienter à l'odeur.  En Turquie, dans son infirmerie-prison Nazim Hikmet, le poète enfermé pour ses idées , percevait la senteur des oeillets: ils avaient dû s'ouvrir quelque part au-delà des barrreaux. "
C. Nys-Mazure.
Une semaine se termine. J'ai ressenti avec force mon impuissance à tout guérir, à soulager entièrement, à apporter une aide efficace. J'ai dû me résoudre, une fois de plus, selon les mots de Lama Puntso à "donner à l'autre l'occasion de faire de sa fragilité un chemin". Le symbole du jasmin me poursuit: accepter de n'être dans ma profession que cette senteur subtile qui  franchit les barrières les plus infranchissables - la maladie incurable, le désespoir face à la mort, l'anéantisssement de son image personnelle, l'abandon par ses proches, l'anxiété et le sentiment d'avoir raté son existence - et permet de maintenir allumée au sein de la nuit humaine cette flamme ténue mais indispensable: l'espérance. 

Lu dans:
Colette Nys-Mazure. Courir sous l'averse. Desclée De Brouwer. coll. Littérature ouverte. 2009. 185 pages. Extrait page 20.

Aucun commentaire: