21 mars 2010

Boire le vin de l'existence

"Même si tout s'arrêtait là,
Au dernier souffle, à la fosse, à la cendre,
Même s'il me fallait descendre
Ces escaliers qui ne conduisent nulle part,
Cela valait la peine d'être né,
D'avoir bu à longs traits le vin de l'existence,
D'avoir connu des joies et des douleurs intenses,
D'avoir aimé, d'avoir lutté, d'avoir pleuré.

Je n'ai pourtant pas fait des étincelles,
Rien que ces choses que l'on dit très ordinaires.
Mes fautes ne sont pas des actes mais des manques.
Je confesse médiocrité.
Mais j'ai parfois marché sur l'eau, flotté dans l'air,
Je me suis vu sur la plus haute vague,
J'ai respiré un peu d'éternité."
Djalâl ad-Dîn Rûmî, dit Rûmî

L'UNESCO a célébré le huitième centenaire de sa naissance en lui dédiant l'année 2007. Jalâl ud Dîn Rûmî, dit Rûmî (1207 - 1273) a profondément influencé le soufisme par  ses textes où le mystique n'est jamais bien loin du poème d'amour, comme un Cantique des cantiques transcrit par un musulman. Rûmî a également repris à son compte les fables d'Ésope dans son principal ouvrage le « Masnavî », que La Fontaine retraduira partiellement à son tour en français. Les Turcs et les Iraniens d'aujourd'hui continuent d'aimer ses poèmes. Reconnu de son vivant comme un saint, Rûmî avait des prises de position assez novatrices par rapport au pouvoir politique et au dogme musulman. Il aimait à fréquenter les chrétiens et les Juifs tout autant que ses coreligionnaires. Liliane Wouters vient de publier un délicieux petit ouvrage qui en collationne quelques textes poétiques représentatifs. Un bonheur de lecture.

Lu dans  :
Liliane Wouters. Le livre du Soufi. Le Taillis Pré.2009. 64 pages. extrait p.64

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