"L'amour humain, la foi humaine sont toujours dangereux, car ils se brisent. Plus grand est l'amour, plus grande est la foi, et plus grand est le danger, plus grand le désastre. En effet, placer une foi absolue en un autre être humain est en soi un désastre pour les deux parties, car chaque être humain est un navire qui doit poursuivre sa propre route, même s'il navigue de conserve avec un autre. Deux navires peuvent naviguer de conserve jusqu'à l'autre bout du monde. Mais amarrez-les en couple au milieu de l'océan, et tâchez de les gouverner d'un seul gouvernail, et ils s'entrechoqueront l'un contre l'autre, et ils se mettront mutuellement en pièces. Il en va de même pour l'individu qui voudrait en aimer un autre d'un amour absolu, ou croire en lui d'une foi absolue. Les amants absolus s'entrechoquent à mort, de même que les croyants absolus. Depuis que l'homme cherche à aimer les femmes d'un amour absolu, et les femmes à aimer l'homme, l'espèce humaine a presque réussi à se saborder."
Human love, human trust are always perilous because they break down. The greater the love, the greater the trust, and the greater the peril, the greater the disaster. Because to place absolute trust in another human being is in itself a disaster, both ways, since each human being is a ship that must sail its own course, even if it goes in company with another ship. Two ships may sail together to the world's end. But lock them together in mid ocean and try to steer both with one rudder, and they will smash one another to bits. $0 it is when one individual seeks absolutely to love, or trust, another. Absolute lovers always smash one another, absolute trusters the same. $ince man has been trying absolutely to love women, and women to love man, the human species has almost wrecked itself.
D.H. Lawrence
Etonnant rapprochement que ce texte de DH Lawrence, auteur du sulfureux Amant de Lady Chatterley de l'Angleterre des années 20, dans lequel une belle anglaise tombe éperdûment en amour pour son garde-chasse, et la chanson de Mannick qui en reprend manifestement les principaux accents. Premier au hit-parade des chants de cérémonies de mariage, on imagine mal la lecture du texte de DH Lawrence en chaire, alors que l'essentiel du discours est strictement superposable.
Je connais des bateaux qui restent dans le port
De peur que les courants les entraînent trop fort,
Je connais des bateaux qui rouillent dans le port
A ne jamais risquer une voile au dehors.
Je connais des bateaux qui oublient de partir
Ils ont peur de la mer à force de vieillir,
Et les vagues, jamais, ne les ont séparés,
Leur voyage est fini avant de commencer.
Je connais des bateaux tellement enchaînés
Qu'ils en ont désappris comment se regarder,
Je connais des bateaux qui restent à clapoter
Pour être vraiment surs de ne pas se quitter.
Je connais des bateaux qui s'en vont deux par deux
Affronter le gros temps quand l'orage est sur eux,
Je connais des bateaux qui s'égratignent un peu
Sur les routes océanes où les mènent leurs jeux.
Je connais des bateaux qui n'ont jamais fini
De s'épouser encore chaque jour de leur vie,
Et qui ne craignent pas, parfois, de s'éloigner
L'un de l'autre un moment pour mieux se retrouver.
Je connais des bateaux qui reviennent au port
Labourés de partout mais plus graves et plus forts,
Je connais des bateaux étrangement pareils
Quand ils ont partagé des années de soleil.
Je connais des bateaux qui reviennent d'amour
Quand ils ont navigué jusqu'à leur dernier jour,
Sans jamais replier leurs ailes de géants
Parce qu'ils ont le cur à taille d'océan.
Mannick
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire