27 décembre 2005

Lecture et déraison

"Un bon livre n'est pas seulement un livre qui donne envie d'en lire un autre. C'est un livre qui donne envie de courir dans un jardin, de partir à la rencontre de quelqu'un pour nous jeter dans ses bras, d'aller coûte que coûte vers la vie! Quand les sens se réveillent et nous révèlent la merveille du créé, alors la question du sens de la vie perd son acuité, sa brûlure.
Les sens nous restituent le sens."

Christiane Singer. La quête du sens. Albin Michel. 2000.

On n'est pas loin du célèbre "Nathanaël, enseigne-moi la ferveur", de Nietzsche... Hasard? Y a-t-il jamais de hasard?
Je retrouve ce court extrait de Christiane Singer au moment de terminer la lecture de la superbe biographie de Nietzsche par Stéfan Zweig. Le talent littéraire de l'un au service de la compréhension de l'autre. On referme cet ouvrage avec une impression de coup de poing à l'estomac, nous laissant un moment sans réaction devant la trajectoire étonnante de ce philosophe demeuré énigmatique pour beaucoup d'entre nous.
La comparaison des derniers mois de l'existence de Nietzsche et de son contemporain Van Gogh (qui crée dans un état d'exaltation totale ses 70 toiles les plus lumineuses en l'espace de deux mois, puis se tue), est un morceau d'anthologie et fascine par leur similitude. Quelle folie commune les habite, ou quel génie? La démesure interpelle parce qu'elle touche de près à l'infini, et d'aucuns ont prétendu qu'on a nommé ceux qui en souffrent de fous pour mieux les neutraliser. Débat sans fin.

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