09 avril 2021

Ma ville ma vie

 

"N’oubliez pas         la ville n’est pas
bâtie de murs         mais de mains d’hommes
n’oubliez pas     n’oubliez pas
le bruit des métiers
l’odeur du soleil
la fenêtre ouverte
sur le point du jour
les regards humains
les voix et les mains
les marchands de livres
aux enseignes peintes
le violon des rues
le vin du printemps
la fête du peuple
et l’accordéon

N’oubliez pas     la ville n’a pas
un centre         elle a un cœur battant
n’oubliez pas     n’oubliez pas
le jardin public
la terrasse fraîche
le nez des enfants
dans la menthe à l’eau
et tous ces humains
aux routes croisées
tissant des filets
d’espoirs et de rages (..)

N’oubliez pas         la ville n’est pas
de fer     de pierre     elle est vivante
n’oubliez pas n’oubliez pas." 
                    Henri Gougaud
 
 


J'ai pour ma ville une affection qui de tout temps a intrigué mon amie Cécile, qui me partage ce texte. De Bruxelles je connais pourtant les verrues, les ridules, les pattes d'oie, le double menton, les varices aux jambes molles, tout ce qu'on dissimule et retend pour donner un visage présentable à une maîtresse  qui vieillit mal. Elle parle toutes les langues, et en a oublié la sienne, ses porches offrent des abris à ceux qui n'en ont pas, c'est le souk et le Bronx qui convolent, avec de soudains éclairs de beauté quand le soleil caresse les façades, les terrasses, les parcs que chantait Brel avant les Marquises. Un soir de jury terminé tard, caniculaire, je me souviens avoir perdu le contrôle de ma moto sur la petite Ceinture et m'être retrouvé à minuit sur la Grand-Place, puis à de Brouckère et enfin aux Halles Saint-Géry, badaud parmi les noctambules fêtant l'été revenu, trompant un court moment un quotidien sévère pour une bouffée bohème. François Hollande chez Julie Gayet en quelque sorte, mais sans les paparazzi. "La ville n’est pas / de fer et de pierre / elle est vivante / n’oubliez pas n’oubliez pas." 


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