"Quand tu prépares ton petit-déjeuner,
pense aux autres.(N'oublie pas le grain aux colombes.)
Quand tu mènes tes guerres, pense aux autres.
(N'oublie pas ceux qui réclament la paix.)
Quand tu règles la facture d'eau, pense aux autres.
(Qui tètent les nuages.)
Quand tu rentres à la maison, ta maison,
pense aux autres.
(N'oublie pas le peuple des tentes.)
Quand tu comptes les étoiles pour dormir,
pense aux autres.
(Certains n'ont pas le loisir de rêver.)
Quand tu te libères par la métonymie,
pense aux autres.
(Qui ont perdu le droit à la parole.)
Quand tu penses aux autres lointains,
pense à toi.
(Dis-toi : Que ne suis-je une bougie dans le noir ?)
Mahmoud Darwich
D'aucuns peuvent s'étonner d'un si long silence, mais qu'écrire
devant pareille désespérance face à des conflits irrésolus, d'images
quotidiennes d'une violence insoutenable, de proches tant aimés qui nous
quittent au terme du voyage, de la fatigue répétitive d'annoncer de
mauvaises nouvelles? Que n'a-t-on dit des merveilles de la médecine,
alors qu'à terme elle finit toujours par perdre la partie. La tentation
d'éteindre les infos télévisées pour se protéger a précédé ce soir une séquence de La Grande Librairie qui nous fait découvrir le poème de
Mahmoud Darwich "Pense aux autres", auquel on ne peut qu'adhérer. La
journée n'était pas perdue.
Lu dans:
Mahmoud Darwich. Pense aux autres. Traduit de l’arabe (Palestine) par
Elias Sanbar. Comme des fleurs d’amandier ou plus loin. Actes Sud. 2007.
144 pages.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire