"Tu montes moins vite à soixante-cinq ans
l'escalier sur la colline (..)
tout en haut tu vois que la porte est ouverte
mais il n'y a plus personne au monastère
les Sœurs sont parties en éteignant la lampe
qui disait autrefois que Dieu t'attendait (..)
Tu t'assieds dehors où rien ne te console
puis tu redescends
La douce présence est à chercher ailleurs
dans la ville profane et les événements
en toute chose en toi."
Jean Pierre Lemaire
Dans le beau film "Un soir, un train" d'André Delvaux (1968), un
convoi ferroviaire stoppe dans une steppe déserte, sans qu'on sache
pourquoi, ni où, ni quand il repartira. Combien sommes-nous, cinquante
ans plus tard, à le vivre? Perdues les certitudes qu'on nous avait
enseignées, les pierres d'angle sur lesquelles s'échafaudaient nos
trajets de vie, Marx et Dieu se taisent. On découvre sur le tard que nos
enfants peuvent bien vivre sans inquiétudes métaphysiques, et ils
finissent par nous convaincre que nul ne saura jamais où allait le train
qui s'est arrêté. Ce qu'on considérait comme une douce présence
serait-il donc bien à chercher ailleurs, dans la ville profane, et
peut-être en soi?
Lu dans:
Jean Pierre Lemaire. NRF Gallimard 2021 133 pages. Extrait p.11
André Delvaux. Un soir, un train. Scénario: d'après le roman de Johan
Daisne De Trein der traagheid (litt. « Le Train de l'inertie »). 1968.
France, Belgique. 88 minutes.
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