"Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je?J'aimerais emporter le feu"Jean Cocteau
C'est un Cocteau désabusé par son époque qui parle, phrase
incompréhensible si ce n'est pour celui qui a tout perdu. Nous fûmes un
jour réveillés la nuit par l'incendie d'une maison quasi mitoyenne,
saoulés par le bruit, la chaleur, la lumière du brasier et par l'étendue
de l'essentiel calciné en quelques instants. On soupçonna une allumette
jalouse enflammant l'édredon, le mari enfui, l'épouse habillée d'une
fine chemise de nuit tenant par la main une petite fille et son ours.
Que tant de trésors, accumulés avec patience puissent se désintégrer dans l'instant est une
leçon qui trace. Que cette violence puisse déboucher sur une nouvelle
existence - deux ans plus tard on revit la sinistrée à la caisse d'une
grande surface, avec un nouvel ami - témoigne que le feu est bien ce
qu'on emporte.
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Jean Cocteau. Clair Obscur. Poésie.1954. Editions du Rocher. 208 pages
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