17 octobre 2022

Par les flammes

 

"Si le feu brûlait ma maison, qu'emporterais-je?
J'aimerais emporter le feu"
                Jean Cocteau


 


C'est un Cocteau désabusé par son époque qui parle, phrase incompréhensible si ce n'est pour celui qui a tout perdu. Nous fûmes un jour réveillés la nuit par l'incendie d'une maison quasi mitoyenne, saoulés par le bruit, la chaleur, la lumière du brasier et par l'étendue de l'essentiel calciné en quelques instants. On soupçonna une allumette jalouse enflammant l'édredon, le mari enfui, l'épouse habillée d'une fine chemise de nuit tenant par la main une petite fille et son ours. Que tant de trésors, accumulés avec patience puissent se désintégrer dans l'instant est une leçon qui trace. Que cette violence puisse déboucher sur une nouvelle existence - deux ans plus tard on revit la sinistrée à la caisse d'une grande surface, avec un nouvel ami - témoigne que le feu est bien ce qu'on emporte. 


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Lu dans:
Jean Cocteau. Clair Obscur. Poésie.1954. Editions du Rocher. 208 pages

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