"Ils regardent les illuminations, surtout dans les banlieues pauvres, où elles sont maigres et parsemées, le sapin aux rubans en plastique devant la mairie, la guirlande perdue dans une rue loin du centre. Ils regardent, et pour eux c’est retournant, comme un terrain vague derrière une palissade, ou un cirque presque vide. Il y a tout qui manque et tout qui est presque là."
Samir Barris
Si les illuminations et les paillettes seules ne font pas la fête,
elles en marquent néanmoins les territoires. Aucune frontière, aucun
mirador ne balisent le passage du centre d'Anderlecht à Ganshoren, si ce
n’était la magnificence des guirlandes lumineuses. Ici, face à la
maison communale, un maigre sapin dégarni n'offre au regard qu'un
entrelacement de deux vilains festons comme on en voit délimitant les
espaces de vente de voitures d'occasion. La rue principale est en
travaux, la collégiale a pris des airs de peepshow avec deux rayons
laser supposés créer l'ambiance. Quelques initiatives individuelles
tentent de jeter une touche de lumière, malgré tout.
Là, quelques centaines de mètres plus loin sur le même boulevard, il
n'est un arbre, une façade, une fontaine qui n'explose sous les lumens,
multicolores et scintillants recréant dans la nuit de Noël la superbe
des cerisiers du Japon à leur apogée. Décembre est décidément un mois
clivant, la subtile césure entre les quartiers accentuant les solitudes,
les nostalgies de ce qui aurait pu être, les incertitudes face au
lendemain. Se retrouver seul avec son chat n'a pas la même signification
fin juin ou le 24 décembre: ici on est un solitaire, là on est un
isolé.
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