"Débarrasse-toi de l'espérance. Et vois choses comme elles sont. »
Bhagavad-Gita
Elle était la personne la plus pétillante qui soit, au plan
professionnel et dans sa vie. Un an et demi après le début de la
pandémie elle n'est plus que cette petite chose grise, ramassée sur
elle-même, triste, apeurée par les perspectives d'avenir, et que les
conseils à se dépasser ne font qu'enfoncer davantage. Une détresse qui
n'ose plus s'exprimer, faute d'être entendue, détruit plus qu'on le
pense. Aurait-on oublié qu'un grand malheur n'est jamais une chance, et
que la capacité de rebondir n'est pas donnée à tous. On rêve de lieux
"ici on peut déposer son chagrin sans honte", où révéler sa faiblesse ne
donnera lieu à aucun appel à devenir fort. Laisser à la tristesse le
temps de mourir d'elle-même, patiemment comme le sol sèche après la
pluie et au désespéré le simple droit de pleurer sans se cacher.
Lu dans :
La Gîta, citée par Jean-Claude Carrière. Fragilité. Odile Jacob. 2007. 284 pages. Extrait p. 107
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