"On n'a jamais d'ennemis plus terribles que ceux qui vous doivent beaucoup."
Jacques Attali
La phrase intrigue. Jacques Attali, conseiller de François
Mitterrand, eut le privilège d'accélérer bien des carrières. Dans un
récent ouvrage de réflexion sur l’exercice du pouvoir, il se montre
acerbe sur la reconnaissance en politique. "Certains m'en seront
reconnaissants. La plupart m'en voudront de leur avoir ainsi assuré un
avenir. Beaucoup mettront du temps à reconnaître ce qu'ils me devaient.
Quelques-uns ne le feront que du bout des lèvres. D'autres jamais." On
touche du doigt la nuance séparant le don de la dette, l'un libère,
l'autre asservit. Attali suggère qu'en politique il n'est guère de don ,
mais toujours une dette. Me revient une vieille histoire qui me fit
rire. Un homme insomniaque, car criblé de dettes envers son voisin, se
lève vers minuit, ouvre la fenêtre de sa chambre et hurle: Voisin,
écoute ceci, le million que je te dois je ne te le rembourserai J A M A I
S , je n'en ai pas les moyens. Son épouse l'interroge: en quoi ceci te
fera-t-il dormir? Parce que maintenant je sais que c'est lui qui ne sait
plus dormir.
Lu dans:
Jacques Attali. Il y aura d'autres jolis mois de mai. Fayard. 2021. 196 pages. Extrait p.73
Jacques Attali. Il y aura d'autres jolis mois de mai. Fayard. 2021. 196 pages. Extrait p.73
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