"Pourquoi les méduses ? Il y a quelques années, la découverte d’une espèce de méduse dont toutes les cellules se régénèrent a affolé la communauté scientifique. C’est un animal potentiellement immortel et indatable, qui subit le courant, qui flotte. C’est une métaphore parlante. La vie sans fin ressemble à un flottement où on abdique son libre arbitre. À terme, vivre sans aucune pensée de la mort, sans aucune évolution du corps, c’est vivre sans pouvoir prendre de décision puisque tout peut être repoussé, effacé, refait intégralement. On refait sans arrêt le portrait de soi, on ne l’achève jamais, on n’est plus rien en fait. La méduse portait cette idée spectrale, translucide et passive."
Thomas Cailley
Le vieux mythe de l'immortalité réapparaît sous des habits du transhumanisme et de la cryogénisation dosant à parts égales science, médecine et science-fiction. Au risque de perdre l'essentiel: vivre en projet, et la jouissance d'une existence dont on mesure qu'elle aura une fin. La lassitude d'un long chemin sans destination finale n'est guère enviable.
Lu dans:
Thomas Cailley Ad Vitam, l'angoisse de la vie éternelle. L'envers des médias. La Libre Supplément Quid du 3 au 11 novembre 2018
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