"Les deux hommes regardent le fou et le fou ne trouve rien à dire. Il ouvre le coffre, en sort une vieille guitare . Le charretier a pincé une corde, puis une autre, puis toutes les cordes. On dirait une volée de clochettes, un troupeau dans la montagne. Le voilà qui siffle mieux qu'un berger. Une pastorale sort de lui. La cabane est comme penchée au-dessus de son épaule. L'angélus sonne au loin et dit aux hommes d'être heureux dans les travaux utiles. Jubiau coupe l'air et rompt le charme par un juron. Silence. Pour se faire pardonner, il sourit... :- Excusez-moi, je suis heureux. Quand je suis heureux, je suis bête."
Félix Leclerc
A Toronto, classée quinzième au rang mondial des villes les plus agréables à vivre, que manquerait-il si ce n'est ce zeste de folie qui fait les beaux souvenirs, ce "p'tit bonheur que l'on croyait perdu" de Félix Leclerc, retrouvé là où on l'y attendait le moins. Sous les doigts d'un vieux guitariste assis sur un banc à l'entrée de Central Market, ou encore dans la mélodie entêtante d'un saxophoniste de trottoir à Spadina Street. Leur musique, fort belle dans son dénuement, m'a "enchanté". Elle nous humanise, comme elle rappelle à cette capitale gigantesque et si fonctionnelle qu'on peut apporter beaucoup tout en ne rapportant rien. .
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Félix Leclerc. Le Fou de l'île. Écrit à la fin des années 1940, le deuxième roman de Félix Leclerc, d'abord refusé par des éditeurs québécois, paraît à Paris en 1958. Le fou de l'île met en scène un étranger, venu un jour de « la ville de fer », comme son auteur, pour s'installer dans l'île où il s'emploie à transformer les insulaires en leur recommandant de rechercher « la chose qui vole », c'est-à-dire l'amour et l'espérance.
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