"Une des maisons porte l'inscription: Maison bâtie en 948, rebâtie et 1787. Encore un de ces endroits où on serait resté bien volontiers assis à admirer. (..) Faut-il vraiment partir demain?"
Suzanne et André Linard-Dubois
Allez, un dernier billet pour la route. Celui ou celle qui parcourt
    le chemin de Compostelle note souvent que si sa marche modifie sa
    relation à l'espace, elle transforme bien plus fondamentalement son
    rapport au temps. Temps personnel qui se dilate alors que se
    concentre sa perception d'être au monde, mais aussi mise en
    perspective de sa propre étincelle de vie dans l'existence lente de
    la Terre. L'amusante observation de nos vieux amis Suzanne et André
    d'une habitation restaurée une fois en un millénaire fait sourire
    autant qu'elle questionne sur notre relation à la "vie courante".
 Savoure-t-on le temps qu'on gagne en se dépêchant? La longueur du 
chemin nécessite un bagage léger et un rythme
    soutenable, on ne court pas le Compostelle. Or une vie, c'est bien
    plus long qu'un chemin de Saint Jacques. Pourquoi alors, au retour, 
cette
    inflation prévisible, simultanée, du bagage et du rythme des jours? 
Le temps lent ne serait-il qu'une parenthèse, et courir une façon de
    rester en équilibre. Nous sommes des êtres paradoxaux. 
Je vous souhaite une bonne fin de semaine. Une courte parenthèse me
    permet de rejoindre ma pèlerine, et les "cerisiers burlat presque
    confits, gorgés du sucre qu'y a concentré un soleil désormais
    ardent."
CVLu dans:
Suzanne Dubois, André Linard. Compostelle. La mort d'un mythe? Couleur livres. 2010. 134 pages. Extrait p.99
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