26 mai 2017

Un silence d'étoile


"J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés,
et on dirait qu’un baiser t’a clos la bouche.
Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée,
ton silence est d’étoile, si lointain et si simple."
        P. Neruda

Et si le silence était une forme ultime de communication? Un "silence habité qui témoigne d'un authentique cœur à cœur. Haut dans le ciel printanier, le vol d'un grand oiseau attire mon regard. Vite, les jumelles. Oui, c'est bien elle: une cigogne noire, tout juste rentrée d'Afrique où elle a passé l'hiver. Je la contemple longuement, en la regardant profiter des thermiques qui lui permettent de monter de plus en plus haut dans l'azur. Elle est magnifique. Il y a en moi beaucoup de joie par rapport à sa beauté et par rapport à la synchronicité de notre présence mutuelle. Je ne peux pas lui exprimer ma gratitude avec des mots. Si je me prends à espérer que ce qu'elle a mis en mouvement en moi puisse se répercuter en écho dans le souffle qui la porte,  n'est-ce pas mon ego qui me joue un nouveau tour? Ne puis-je pas tout simplement faire confiance à ce qui nous unit, elle et moi, même si c'est indicible? A ce qui, en nous, est au-delà de l'espace et du temps. Stopper le moulin à paroles de notre mental, se centrer dans notre cœur, entendre le silence vivant, débordant, joyeux qui n'attend que nous, et le partager. Un silence qui ne soit pas rien, mais qui soit plénitude." (C. Boly)


Lu dans:
Pablo NERUDA. Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée.
Cécile Boly. Donner et recevoir, le temps d'une respiration. Entre dette et reconnaissance, quelle place pour la gratitude? Ed. Weyrich. Collection Printemps de l'éthique. 2017. 168 pages. Extrait p.28

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