"J’aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
et tu m’entends au loin, et ma voix ne t’atteint pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés,
et on dirait qu’un baiser t’a clos la bouche.
Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée,
ton silence est d’étoile, si lointain et si simple."
P. Neruda
Et si le silence était une forme ultime de communication? Un "silence
habité qui témoigne d'un authentique cœur à cœur. Haut dans le ciel
printanier, le vol d'un grand oiseau attire mon regard. Vite, les
jumelles. Oui, c'est bien elle: une cigogne noire, tout juste rentrée
d'Afrique où elle a passé l'hiver. Je la contemple longuement, en la
regardant profiter des thermiques qui lui permettent de monter de plus
en plus haut dans l'azur. Elle est magnifique. Il y a en moi beaucoup de
joie par rapport à sa beauté et par rapport à la synchronicité de notre
présence mutuelle. Je ne peux pas lui exprimer ma gratitude avec des
mots. Si je me prends à espérer que ce qu'elle a mis en mouvement en moi
puisse se répercuter en écho dans le souffle qui la porte, n'est-ce
pas mon ego qui me joue un nouveau tour? Ne puis-je pas tout simplement
faire confiance à ce qui nous unit, elle et moi, même si c'est
indicible? A ce qui, en nous, est au-delà de l'espace et du temps.
Stopper le moulin à paroles de notre mental, se centrer dans notre cœur,
entendre le silence vivant, débordant, joyeux qui n'attend que nous, et
le partager. Un silence qui ne soit pas rien, mais qui soit plénitude."
(C. Boly)
Lu dans:
Pablo NERUDA. Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée.
Cécile Boly. Donner et recevoir, le temps d'une respiration. Entre dette et reconnaissance, quelle place pour la gratitude? Ed. Weyrich. Collection Printemps de l'éthique. 2017. 168 pages. Extrait p.28
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