« une langue raison une langue légion une langue dieu dans les langues une langue feu ou à sable une pentecôte et une à litote une langue plaisir et une à gémir une langue beau temps mauvais temps une langue pour tous les temps »
Philippe Solers (écrit le 29 mai 1977, jour de Pentecôte)
La Bible comme un roman. Entre Babel ou l'éclatement du langage
humain et le récit de la pentecôte où chacun - Parthes, Mèdes,
Élamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, ... -
s'entend interpellé dans son propre idiome, une boucle se
referme. On s'émerveille de voir franchie la barrière de la
langue, du différent, de l'inconnu. Champollion cassant le
mystère de la Pierre de Rosette, Emanuelle Laborit poussant son
premier cri en langage des Sourds ainsi que la reconnaissance
balbutiante du langage des dauphins et des grands singes
participent de la même quête: (se) comprendre est une joie. En
témoigne ce couple de patients, tous deux malentendants,
débutant chaque journée par un long face à face destiné à
harmoniser leurs prothèses auditives afin de se comprendre sans
difficulté. Et ça marche. On rêve de voir chaque couple débuter
sa journée en réglant ses canaux de communication avec autant de
patience. Certains diront avec humour qu'il est plus aisé de
percer le langage cunéiforme.
Lu dans:
Philippe Sollers. Paradis. Seuil. Collection Tel Quel. 1981. 246 pages. Extrait p.148.
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