"C'est vers la fin de l'automne qu'il se fait dans le ciel de grands semis d'oiseaux."
Marcel Havrenne
Edith, la classe et l'influence, en d'autres temps. Elle finit sa
tartine dans ce qu'on nomme pudiquement une institution
psycho-gériatrique. J'aime l'interroger sur ce qu'elle a retenu du
journal télévisé de la veille, et m'étonne de la justesse et de
l'actualité de ses réponses. On est parfois moins sot qu'on vous
l'accorde. Et hier Edith? "Hier deux lions se sont battus pour la
maîtrise du territoire et des femelles, des éléphants se sont
vautrés dans la boue, un écureuil a caché ses noisettes dans une
ruche abandonnée, des singes se sont épouillés et puis disputés,
un paon a fait la roue devant un public de Japonais, un chat a
joué durant une demi-heure avec une souris avant de la manger."
Désarçonné, je comprends avec retard qu'elle me décrit un film
animalier visionné sur Discovery, et non les informations
télévisées. A moins que, un étrange sourire aux lèvres, elle ne se
soit amusée à me berner par le récit de la vraie réalité de notre
monde, de ses jeux de pouvoir, de séduction, de petites et grandes
turpitudes racontés comme une visite à Pairi Daiza. Elle plisse
les yeux, feint de s'endormir, comme pour signifier que tout cela
est sans importance.
Lu dans :
Marcel Havrenne. Du pain noir et des roses. Ed Phantomas. 1984. 84 pages. Extrait p.46
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