"Mon vieux à moi, tous les mois
Va à tout petits pas
Empocher sa pension
Il se ménage au retour
Un détour insolite
Chez le glacier du coin
Quand je serai vieux et tout seul
Demain ou après demain
Je voudrais comme celui-là,
Au moins une fois par mois
Avec mes sous, si j'en ai
M'acheter une glace à deux boules
Et rêver sur leur saveur
A un monde rempli d'enfants
Mais peut-être que pour nous
Nous les vieux de demain
La vie aura changé
En s'y prenant maintenant."
François Bérenger. Le vieux.
Les notes tendres de la chanson de François Bérenger me reviennent ce
vendredi en examinant une patiente nonagénaire, sous administration de
biens, déballant ses seules richesses: une carte jaunie de vacances à
Saint Idesbald, un vieux certificat médical interdisant de lui mettre du
savon dans les yeux quand on lave ses cheveux, la feuille où
s'indiquent son poids et ses chiffres de tension artérielle mensuels, un
vieux plan de Bruxelles, diverses cartes d'affiliation, un carnet de
prières et une relique de Saint Louis Marie de Montfort. Elle me dit
avoir eu quatre maisons, qu'elle voudrait revoir, et de la famille en
France, mais on ne sait en quelle année ni ce qu'il en reste. Quand on
ne dispose plus de rien, ni de personne, une glace à deux boules c'est
déjà Byzance.
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