31 octobre 2012

La lente dénaturation de l'identité


"Aujourd’hui, il est techniquement possible de dénaturer la vie d’une personne – ce qu’elle est, comme elle est, ce qu’elle fait, ce qu’elle dit, ce qu’elle pense, ce qu’elle écrit – et l’altérer subtilement petit à petit au point de la dénaturer en totalité, et de provoquer en elle des dommages irréparables. Le pire est sans doute que ces opérations délictueuses ne résultent même pas d’une conspiration politique, économique ou culturelle mais, plus vulgairement, de pauvres diables qui, de cette manière, essaient de combattre l’ennui et la pauvreté terrible de leurs vies."
Mario Vargas Llosa, Prix Nobel de littérature péruvien

Deux mésaventures récentes sous-tendent cette réflexion récente et désabusée du Prix Nobel péruvien et espagnol de Littérature (2010). L’une concerne Philip Roth qui a demandé à Wikipédia de modifier une information qui apparaissait sur sa page, et qui n’était pas exacte. Requête à laquelle Wikipédia a répondu que "la parole de l’auteur était une source non suffisante à la modification de cette information". L'autre touche Vargas Llosa lui-même, surpris de découvrir deux textes diffusés via Internet, signés de lui et qu’il n’a pas écrits. Après avoir consulté un avocat qui l'a dissuadé de procéder vu la complexité de la question du droit d’auteur et du copyright sur Internet, et de la difficulté de trouver les personnes à l’origine de ces textes, il a considéré qu'il valait mieux oublier tout ça. Ces textes poursuivent donc leur existence de contrebande sous son nom, en toute impunité.

Lu dans:
Mario Vargas Llosa. La identidad perdida (L’identité perdue). Tribune publiée dans le quotidien espagnol El Pais le 21 octobre 2012.
L’identité perdue ? Xavier de la Porte. L'identité perdue. InternetActu. 29/10/12

Sagesse de cimetière


"Ci-gît Allais - sans retour."
Epitaphe d'Alphonse Allais (1850 - 1905)
 
 

30 octobre 2012

La fleur au canon


"Belle et grande et juste guerre. Je sens profondément qu'on sera vainqueur."
Alain-Fournier. Lettre à sa soeur.

Le 4 août 14, le lieutenant Henri Fournier écrit à sa soeur. Un mois plus tard, il meurt au front. Il venait de terminer la rédaction du Grand Meaulnes dans lequel il fait dire à son héros "dans la mort seulement, je retrouverai peut-être la beauté de ce temps-là?" Quatre années de tranchées et de combats meurtriers descillèrent les yeux des engagés de 14, quand ils survécurent. Sommes-nous pour autant devenus plus lucides? 

 
Lu dans :
Jean-Christian Petitfils. Le frémissement de la grâce. Le roman du grand Meaulnes. Fayard. 2012 . 263 pages. Extrait p.245.

28 octobre 2012

De l'écriture


"L'écriture est la peinture de la voix."
Voltaire.

“Il y a quelques mois, j’ai réalisé que je n’avais aucune idée de ce à quoi ressemblait l’écriture manuscrite d’un de mes meilleurs amis. Je le connais depuis 10 ans, mais nous n’avons jamais utilisé l’écriture manuscrite pour communiquer, ni une lettre, ni une carte postale, ni un petit mot. Je ne sais pas si son écriture est droite ou inclinée, italique ou arrondie, élégante ou bâclée. M’a frappé l’évidence que nous étions à un moment de l’Histoire où l’écriture manuscrite semble sur le point de disparaître de nos vies. Nous l'avons abandonnée pour quelque chose de plus mécanique, moins distinctement humain, quelque chose qui dit moins sur nous. (..) Dans le passé, l’écriture manuscrite était considérée comme le signe le plus fort de l’individualité. De la même manière que les rituels et autres petites conséquences liés à l’écriture avec un stylo. Ainsi la petite bosse calleuse sur le côté de l’index. Ou le mâchonnage du stylo (et même tout ce qu’on pouvait faire avec le morceau de plastique au bout d’un bic). Nos rituels et l’engagement sensoriel avec le stylo nous relient à lui. Ce qui n’est pas le cas avec les manières d’écrire d’aujourd’hui. Comme tout le monde, depuis une vingtaine d’années, j’écris beaucoup sur ordinateur. Et je peux identifier très précisément quand je suis passé du stylo au clavier. C’était en 1987, pour écrire mon PhD à Cambridge. Mais depuis tout ce temps, je n’ai pas identifié de vraies sensations pour cet objet, ne pouvant pas le sucer ou le regarder comme une extension directe de mon être, comme je le fais avec un stylo. Le stylo est avec nous depuis si longtemps qu’il semble presque en vie, comme un doigt supplémentaire. Les autres outils contemporains d’écritures, comme les téléphones, occupent un espace psychologique qui est plus proche du stylo. Il y a dix ans, les gens gardaient leurs téléphones dans leur poche. Aujourd’hui, ils l’ont continuellement à la main, comme un petit animal colérique, qui nous scrute d’un air maussade, et exprime le besoin d’être constamment apaisé. Très clairement, les gens regardent leurs téléphones comme, jusqu’à un certain point, une extension d’eux-mêmes. Et pourtant, nous n’avons pas développé avec eux tous ces petits et plaisants gestes qui sont l’ordinaire de notre rapport au stylo. Si vous aperceviez quelqu’un en train de sucer son téléphone pendant qu’il réfléchit à la prochaine phrase de son texto, vous penseriez qu’il est complètement fou. (..)
De la même manière qu’on ne glisse pas toujours des plats préparés dans notre four à micro-ondes, et qu’il nous arrive, par amour pour ceux que l’on nourrit, de prendre le temps d’éplucher des légumes, de suivre une recette pas à pas,  l’écriture manuscrite est bonne pour nous. C’est par cette voie que l’écriture manuscrite reviendra dans nos vies, comme un plaisir, comme quelque chose qui nous fait du bien, qui est plus humain que d’autres moyens de communication."



Lu dans :
Xavier de la Porte. L’encre perdue. Blog InternetActu.net. 15/10/12
Philip Hensher. The Missing Ink : The Lost Art of Handwriting, and Why it Still Matters (L’encre perdue : l’art oublié de l’écriture manuscrite, et pourquoi elle importe encore). Macmillan. 2012. 300 pages

Heure d'hiver


"La dernière nous tue".
Sagesse de cadran solaire

Une heure de bonus. Belle occasion d'ajouter quelque chose d'inattendu à cette journée.
 

26 octobre 2012

Vue sur nuit


"La grange a brûlé -
A présent
Je vois la lune."
Masahide ( 1657 - 1723 )

Il a perdu toute protection, et son emploi dans une multinationale. Il a cinquante ans et bénéficie - qu'en français ces choses-là sont bien dites - d'une mise à la retraite anticipée.  La bergerie provençale de sa prime enfance l'héberge désormais, et le tilleul, et la vision du Ventoux. Qu'il lui ait fallu tout ce parcours pour admirer le bourdonnement de l'abeille se lovant dans une fleur, et leur gratuité, est une découverte. 


Lu dans :
Julie Otzuka. Certains n'avaient jamais vu la mer. Phébus. 2011 . 144 pages. Exergue. 

L'épouvante du vide


"Quand vous êtes habitués à une stimulation constante, dès qu’elle vous manque, vous ne savez plus quoi faire de vous-mêmes. Quand vous êtes habitués à ne plus avoir aucun temps mort, tout vide produit de l’angoisse. Et là, nous avons le smartphone, il est le perpétuel soulagement à nos angoisses."
Doug Gross

... ou rêvasser sur un banc la joue caressée par le soleil d'automne. Il n'est pas certain que l'ennui soit éliminé par l'activité. 


Lu dans :
Doug Gross. Les smartphones ont-ils tué l’ennui ? http://internetactu.blog.lemonde.fr/tag/alienation/

25 octobre 2012

La chute


"Je m'appelle Peter. Pendant plus de 15 ans j'ai été le n°2 dans un gang spécialisé dans l'extorsion de fonds, le chantage, le racket, les enlèvements, les vols avec violence. Et l'alcool a détruit tout ça."
Voutch. 

23 octobre 2012

Prendre les mots au sérieux


« Après cette victoire, même si elle n'a pas été durable, il fallait une réévaluation, il fallait se demander si l'humanité méritait encore qu'on lui fasse confiance, chercher où nous avions échoué, où se trouvait la première faute, le premier écart dont les autres échecs sont issus. En réalité, pour moi, la première faute, le premier écart, le premier échec est de ne pas avoir pris les mots au sérieux. Cela doit toujours nous servir d'avertissement. Bien sûr, les métamorphoses que les sciences font entrevoir constituent un appel puissant à l'imaginaire. Bien que les circonstances soient très différentes, je crois pourtant qu'il ne faut jamais perdre la leçon de ce que nous avons constaté. La ligne de partage peut être vite franchie: des choses impossibles deviennent possibles, l'impensable devient pensable. Alors, faisons attention, il s'agit du sort de l'humanité. Le plus grand danger, c'est au fond quand le mal prend le visage du bien."
Elie Wiesel

Michel Serres suggère que désormais "il n'y a plus d'autre autorité que la conviction." Lisant Elie Wiesel, on en accepte l'augure. Rescapé des camps, écrivain, prix Nobel de la Paix, il voit la fondation créée avec les fonds reçus s'effondrer financièrement dans la faillite frauduleuse de Bernard Madoff en 2008. On lui propose le poste de président de l'état d'Israël, qu'il décline "car il n'est qu'un écrivain". Des prises de position (le soutien à la guerre en Irak) qu'il regrette, motivées par son admiration profonde pour Colin Powell (« un grand soldat est un homme qui n'aime pas la guerre ») n'enlèvent rien aux interrogations fortes qu'il nous envoie. Avez-vous lu le récit de sa captivité, La nuit?  


Lu dans :
Elie Wiesel  La Ville de la chance  Seuil 1962
Monique Atlan, Roger-Pol Droit. Humain. Une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies. Flammarion 2012 560 paeges  extrait p 501
Ube biographie succincte d'Elie Wiesel sur Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Elie_Wiesel

22 octobre 2012

Poussière de vie


"Des rais obliques, où danse la poussière, filtraient à-travers les volets clos."
Christine Vigneron

Douze mots, et de la poussière écrivent un traité contre le désespoir.


Lu dans:
Christine Vigneron. Jean est là-bas. Arléa. 2010   110 pages  page 15

18 octobre 2012

Eloge de la fuite


"Face à la mer qui monte il est souvent préférable de construire un bateau pour explorer de nouveaux territoires plutôt que de s'échiner à construire une digue de sable."
F. Dupagne

Ou comment résumer en une courte phrase l'"Eloge de la fuite" d'Henri Laborit (1985, Folio), le chirurgien qui s'orienta ensuite vers la recherche fondamentale et la biologie des comportements. "Quand il ne peut plus lutter contre le vent et la mer pour poursuivre sa route, il y a deux allures que peut encore prendre un voilier : la cape (le foc bordé à contre et la barre dessous) le soumet à la dérive du vent et de la mer, et la fuite devant la tempête en épaulant la lame sur l’arrière avec un minimum de toile. La fuite reste souvent, loin des côtes, la seule façon de sauver le bateau et son équipage. Elle permet aussi de découvrir des rivages inconnus qui surgiront à l’horizon des calmes retrouvés. Rivages inconnus qu’ignoreront toujours ceux qui ont la chance apparente de pouvoir suivre la route des cargos et des tankers, la route sans imprévu imposée par les compagnies de transport maritime. Vous connaissez sans doute un voilier nommé « Désir ».

Le marin qui sommeille en nous finirait-il par aimer les tempêtes, qui débouchent sur des horizons nouveaux?  Entre cape et fuite, il reste une possibilité, celle de faire demi-tour et tenter de rentrer au port. Choix de marins, choix de vie, duquel rêverez-vous cette nuit?

Lu dans:
Dominique Dupagne. La revanche du rameur. Michel Lafon. 2012. 345 pages. Extrait p.311 

« L’homme se développe actuellement comme un ver de terre : un tuyau qui avale de la terre et qui laisse derrière lui des petits tas. Si un jour la terre disparaît parce qu’il aura tout mangé, il ne faudra pas s’en étonner. »
Andreï Tarkovski, cinéaste (1932-1986)


Lu dans:
Le Soir. 17 octobre 2012. p.40 

17 octobre 2012


"Pour chaque problème complexe il existe une solution simple, évidente et fausse."
H.L. Mencken.  


Lu dans:
Dominique Dupagne. La revanche du rameur. Michel Lafon. 2012. 345 pages. Extrait p.169

16 octobre 2012


"Ce week-end un cambrioleur est entré chez moi. Il cherchait de l'argent. Je me suis levé et je l'ai aidé. Au cas où."
Lu sur un forum, désopilant.
 

14 octobre 2012

Sagesse de jungle


"Personne n'a le droit de te mordre, et surtout pas un lapin."
Voutch
Papa loup donne ses conseils à son louveteau. J'adore.


C'était Waterloo


« Rien n'est plus triste qu'une bataille gagnée, si ce n'est une bataille perdue."
Wellington, parcourant le champ de bataille le soir de sa victoire à Waterloo.

Victor Hugo, dans Les Misérables, donne à ce moment une intensité épique. On est dans la défaite : on la respire, on la boit, elle vous étouffe. Et, miracle de l'art, elle se transforme en beauté tant elle traduit l'inéluctable destin humain qui est de perdre, de souffrir, de périr. « Si quelque chose est effroyable, s'il existe une réalité qui dépasse le rêve, c'est ceci : vivre, voir le soleil, être en pleine possession de la force virile, avoir la santé et la joie, rire vaillamment, courir vers une gloire qu'on a devant soi, éblouissante, se sentir dans la poitrine un poumon qui respire, un cœur qui bat, une volonté qui raisonne, parler, penser, espérer, aimer, avoir une mère, avoir une femme, avoir des enfants, avoir la lumière, et tout à coup, le temps d'un cri, en moins d'une minute, s'effondrer dans un abîme, tomber, rouler, écraser, être écrasé, voir des épis de blé, des fleurs, des feuilles, des branches, ne pouvoir se retenir à rien, sentir son sabre inutile, des hommes sous soi, des chevaux sur soi, se débattre en vain, les os brisés par quelque ruade dans les ténèbres, sentir un talon qui vous fait jaillir les yeux, mordre avec rage des fers de chevaux, étouffer, hurler, se tordre, être là-dessous et se dire: "Tout à l'heure, j'étais un vivant!" » 

Le vote dans nos pays a remplacé le canon. Victoire, défaite demeurent, l'élection reste une confrontation, voire un combat de chefs. Nettement moins épique toutefois que la description qu'en fait Victor Hugo. Ce soir pourtant, on laissera avec un certain amusement les vainqueurs avancer leurs bulletins de victoire. 
 

Lu dans:
Jean-Marie Rouart. Napoléon ou la destinée. Gallimard 2012. 347 pages. 

13 octobre 2012

La vie comme une chance


"La seule définition qui vaille est connue, et ne va pas fort loin. Elle dit en substance que l'homme est une page blanche, le seul des vivants à se construire, à se confronter à ce vide qui le constitue, et à devoir y inscrire, à mesure, une histoire que nul ne connaît, et surtout pas lui-même, avant qu'il ne l'invente. D'où cette conséquence, autre version de la même idée : l'humain se définit par le fait qu'il se demande ce qu'il est. De tous les vivants, lui seul est taraudé par l'énigme insoluble de son existence, de sa place, de son identité. "
Monique Atlan, Roger-Pol Droit.

Bienvenue à Cécilia, qui soudain s'invite à la table familiale chez Laurence et Pascal par un tonitruant "poussez-vous là, et faites-moi une place". Selon la formule consacrée, la maman et le bébé vont bien. Née hier, retour à la maison aujourd'hui, les temps changent. Que sera son existence, comment se transformeront les cellules-souches de sa vie débutante, de quels récits se noirciront les plages blanches du cahier de ses jours? Faisons confiance, son arrivée est une chance. 
 
Lu dans:
Monique Atlan, Roger-Pol Droit. Humain. Une enquête philosophique sur ces révolutions qui changent nos vies. Flammarion 2012 560 pages. Extrait p 10

12 octobre 2012

L'âme des choses


"Les objets ne doivent pas tous avoir servi à quelque chose. Une tige et une rondelle d’acier forgé, sur le bureau, sont surtout le résultat concret d’un savoir-faire, celui du grand-père qui les avait rangées dans un tiroir. Il en émane l’idée d’une perfection dans le travail et le souvenir de celui qui l’a accompli : « Sur ma table, c’est sa présence, mieux qu’une photo ou quoi que ce soit d’autre. En dix heures, il a fallu percer la rondelle, puis creuser les cinq pans au bon angle, et soigner la perpendiculaire au plan. Puis araser sur la tige les mêmes six pans, la lime travaillant alors de l’extérieur et non plus de l’intérieur, puis commencer la longue approche de l’ajustement. »
François Bon
 
 
Lu dans:
Pierre Mauty. Objets inanimés, avez-vous une âme ? Le Soir Livres. 12 octobre 2012. p.41
François Bon .  Autobiographie des objets . Seuil. 2012.  244 p.

11 octobre 2012

Y a un homme qui part


"Malheureux celui qui ne se réjouit plus quand on sonne à sa porte".
Les Misérables. Victor Hugo.

"Regarde bien, petit,
Regarde bien  
Sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux 
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui vient
Que je ne connais pas
Regarde bien, petit,
Regarde bien 

Est-ce un lointain voisin
Un voyageur perdu
Un revenant de guerre
(..) Est-ce mon frère qui vient
Me dire qu´il est temps
D´un peu moins nous haïr?
Ou n´est-ce que le vent
Qui gonfle un peu le sable
Et forme des mirages
Pour nous passer le temps?

Sur la plaine là-bas
À hauteur des roseaux
Entre ciel et moulin
Y a un homme qui part
Que nous ne saurons pas
Regarde bien, petit,
Regarde bien

Il faut sécher tes larmes
Y a un homme qui part
Que nous ne saurons pas
Tu peux ranger les armes."

Jacques Brel   

10 octobre 2012

Pages sur la neige


"Il faut apprendre à lire la page qui déjà s'efface
parce que le temps se fait plus doux et que la neige fond

Que dit le texte imprimé sur le sel blanc crissant?
Que disent les caractères sur le sable fuyant?
Peut-être simplement      qu'il suffit d'avancer pas à pas
le plus léger possible insouciant de durer
content qu'il ait neigé       et content qu'il déneige
prenant le soleil comme il va      la brume comme elle vient
(..) comme ça se passe d'ailleurs pour de vrai
lorsque la vie retient son souffle et la clarté
avant que recommence à couler la durée."
Claude Roy . Le Haut Bout . Jeudi 3 octobre 1985
Lignes légères et graves, qui résonnent en moi d'une manière particulière  en ce début d'automne. Un ami cher fête ses 90 ans ce jour; il est resté le plus jeune de nous tous et son sourire merveilleux semble dévaler de la colline de Clerlande vers les endroits où vivent ceux qu'il aime et qui l'aiment. Un autre ami tout aussi cher a déposé sa trousse et son stéthoscope il y a quelques jours, après plus d'un demi-siècle de médecine générale. Il était resté le plus passionné par son métier de nous tous, et une de mes références. Notre chemin passe par les pas de ceux qui nous précèdent. 

 
Lu dans:
Claude Roy. Le voyage d'automne. NRF. Gallimard. 1987. 115 pages. Extrait pp 8-9

09 octobre 2012

Heureux les assoiffés ..


"Embrasse-moi, je meurs de soif."
Edith Stein
 
Lu dans:
Yann Moix. Mort et vie d'Edith Stein. Grasset. 2007. 195 pages. Extrait p.22

08 octobre 2012

Mystérieux débuts


"Où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie ?"

".. au début, on ne sait pas que c'est le début,
au début on ne sait pas que les choses commencent,
au début on n'est pas certain que les rêves sont des rêves,
et surtout au début on ne sait pas combien de temps cela va durer..."
Kiss & Cry. Michèle-Anne De Mey, Jaco Van Dormael

 Un simple frôlement de mains peut marquer à jamais. Sur un quai de gare, une femme se remémore son passé, se demandant « où vont les gens quand ils disparaissent de notre vie ? ». Pour évoquer le thème délicat du souvenir, Michèle Anne De Mey et Jaco Van Dormael ont imaginé un ingénieux dispositif qui mixe cinéma grandeur nature, décors miniatures et danse. Danse ? «NanoDanse» pour reprendre l’expression des auteurs: des mains agiles personnifient sur écran géant les héros de cette fantasmagorie douce-amère.

07 octobre 2012

Sagesse des cartoons


"Un de mes dessins préférés montre un conseil d'administration. Le président est debout et déclare: Pour notre entreprise, cette question soulève à la fois un grave problème éthique et un problème économique. Si personne n'y voit d'objection, passons directement au problème économique."
Voutch

Lu dans:
Dominique Dupagne. La revanche du rameur. Michel Lafon. 2012. 345 pages. Extrait p.338
Voutch. Le monde merveilleux de l'entreprise. Le Cherche Midi. 2010. 

06 octobre 2012

Sagesse de comptable


"Ne me parle pas de tes valeurs. Dis moi comment tu ventiles ton budget, je te dirai tes valeurs."  

04 octobre 2012

Sagesse simple


"Tant que l'hommes sera mortel, il ne pourra pas être totalement décontracté."
Woody Allen
 

Lu dans:
Dominique Dupagne. La revanche du rameur. Michel Lafon. 2012. 345 pages. Extrait p.27

Eloge des choses simples


"Faites-moi retrouver le goût des choses."

C'est l’histoire vraie d’Hortense Laborie, cuisinière réputée du Périgord, appelée par l’Elysée pour s’occuper des repas personnels du président Mitterrand. On rêve déjà des prochaines vacances en France, ses cépages, sa cuisine et le goût des choses.


Lu dans:
Fabienne Bradfer. Les saveurs du palais : de l’art culinaire aux coulisses du pouvoir avec une pincée de sel. MAD. 3.10.12. p.11
Les saveurs du palais. Film de Christian Vincent, avec Catherine Frot et Jean d’Ormesson, Hippolyte Girardot, 95 mn.

03 octobre 2012

Sommeil présidentiel


"L'Elysée compte six entrées, dont l'officielle, marquée par le porche, la loge et la Cour d'Honneur, au numéro 55, de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Le courrier destiné au président de la République, au palais de l'Elysée en règle générale, est à adresser à ce numéro, dans cette rue. C'est là, à la loge d'honneur, que Philippe de Gaulle se présente le 10 novembre 1970 à 7 h 30 du matin. Il vient annoncer la mort de son père au président de la République Georges Pompidou  [Premier ministre de de Gaulle du 14 avril 1962 au 10 juillet 1968, ce qui constitue à ce jour un record de durée à ce poste], et rappeler que le Général a refusé par testament des obsèques nationales. Philippe de Gaulle dira par la suite n'avoir eu, depuis la loge, qu'un bref contact téléphonique avec Denis Baudouin, chargé de la communication de l'Élysée, qui refusera qu'on dérange le président à une heure aussi matinale."
  
Lu dans:
Patrice Duhamel, Jacques Santamaria. L'Elysée, coulisses et secrets d'un palais. Plon. 2012. 396 pages. Extrait p. 17 

01 octobre 2012

Si je ne suis pas moi, qui le sera?


"Si tu veux trouver le repos, ne te compare pas aux autres."
Edith Stein 
 
Lu dans:
Yann Moix. Mort et vie d'Edith Stein. Grasset. 2007. 195 pages. Extrait p.17.

Une noce tranquille


"Catherine de Médicis favorisa le mariage de sa fille, Marguerite de Valois, avec le chef du parti protestant, le jeune Henri de Navarre. Mais, très vite, Catherine de Médicis comprit qu'elle risquait de perdre toute autorité. Huit jours après le mariage de sa fille, elle arracha au faible Charles IX l'ordre de faire massacrer les chefs protestants venus à Paris pour les noces. Cette «Saint-Barthélemy» de la nuit du 23 au 24 août 1572 fit trois mille morts."
Jean-Claude Barreau. Toute l'histoire de France.

Douce France, cher pays de mon enfance, bercé de tendre insouciance... 

Lu dans:
Jean-Claude Barreau. Toute l'histoire de France. ditions du Toucan 2011. Le Livre de Poche n°32677. 285 pages. Extrait p. 113