"Il n'est pas nécessaire d'avoir une raison pour avoir peur."
E. Ajar
La peur, aussi imprévisible qu'une migraine, nous rend égaux: qui de nous ne l'a connue, sournoise, implacable, responsable de cent conduites d'évitement aussi pathétiques les unes que les autres.
Anecdote amusante, la citation d'Emile Ajar dans l'inoubliable
roman "La vie devant soi" mit une jeune journaliste sur la piste
d'une supercherie restée célèbre, quand elle cite à Romain Gary
une phrase similaire dans un de ses précédents ouvrages "La Tête
coupable": "... et depuis quand un homme a-t-il besoin d'une
raison pour avoir peur?" Cas unique dans l’histoire du prix
Goncourt, Romain Gary le reçut deux fois, la première sous son nom
de plume habituel et la seconde, en 1975, sous l’identité
d’emprunt d’Émile Ajar. Lassé de se sentir considéré comme un
écrivain du passé ("Au-delà de cette limite votre ticket n'est
plus valable" - écrit en 1975), Romain Gary avait créé de toutes
pièces le personnage d'Émile Ajar sans jamais en révéler de son
vivant l'identité réelle. C'est juste avant son suicide en 1980
qu'il rédige "Vie et mort d'Emile Ajar", où il révèle toute la
supercherie, concluant «Je me suis bien amusé. Au revoir et
merci.» Quelques semaines auparavant, ironie cruelle, lors d'une
émission littéraire en vue, la critique du magazine Lire, après
avoir rageusement démoli l'oeuvre de Gary s'était exclamée "Ah
Ajar, c'est quand même autre chose."
Lu dans:
Romain Gary. Vie et mort d'Emile Ajar. NRF. Gallimard. 1981. 43 pages
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