« Voir quelqu’un qui reprend possession de soi est bouleversant. Je rêve de cela pour mes patients : qu’ils deviennent maîtres de leur histoire, c’est-à-dire de leur univers intérieur. »
J. Harpman
J'eus la chance, lors d'un voyage lointain, d'observer en retrait
une scène de la vie quotidienne qui m'habite encore. Assise à même
le trottoir, une diseuse de bonne aventure a pris la main d'une
jeune fille dans la sienne et en scrute la ligne de vie. Sa
gestuelle vaut paroles qui invitent à sortir de soi-même, à se
déployer, à courir, à voler. A troquer les humeurs acides pour les
senteurs d'une vie possible, aujourd’hui même. Arrivée à la fin de
son récit, la vieille chiromancienne lui enfouit au creux de la
paume un minuscule papier roulé avec ce vers de Corneille: "Je
cesse d'espérer et commence de vivre." Une réécriture des "langues
de feu" bibliques, invitation - comme le disait joliment Jacqueline - à redevenir maître de son histoire.
Lu dans:
Adrienne NIZET. Au revoir, Madame Harpman. Le Soir 25 mai 2012
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