24 mai 2010

Eloge de la lenteur

"Maison bâtie en 948, rebâtie en 1787."
Sagesse du Camino
La maison fait partie d'un hameau qui en compte quatre, Harambeltz, et porte cette inscription modeste. Je reste rêveur, ainsi que mes amis Suzanne et André qui rapportent l'anecdote dans leur délicieux récit vers Compostelle. Poser une pierre sur une autre, étançonner, couvrir de bardeaux pouvaient donc se concevoir à une époque dans le but d'abriter l'existence de dizaines de générations successives, et sans croissance. Lequel de nos projets dépasse actuellement une décennie? L'inquiétude envahit les marchés quand la croissance ralentit autour du pourcent. Le Temps, dit-on, s'est accéléré... ou courons-nous éperdument dans un de ces tonneaux sur roulettes dont les enfants apprécient le caractère ludique? Dans son récent opus où il poursuit sa quête sur le Temps, Jean Louis Servan Schreiber s'interroge sur la fragmentation accrue de nos journées et de nos heures, qui nous amène à fonctionner par mini-activités qui se succèdent, s’entrecroisent et se chevauchent. A part d’occasionnelles et bien trop longues réunions, l’unité de tâche courante est constituée d’appels téléphoniques, de rédaction de mails, de lecture de courts textes ou de brefs échanges de couloirs. Apprendre qu'un cadre en activité est couramment interrompu 70 à 80 fois par jour et ne s’en rend même pas compte ne rassure guère . La vraie richesse sera-t-elle considérée demain comme la capacité de pouvoir bénéficier de plages de tranquillité et de silence, nécessaires à la réflexion?

Lu dans:
Suzanne Dubois et André Linard. Compostelle. La mort d'un mythe? Couleur Livres. 2010. 130 pages. Extrait p. 99
JL Servan Schreiber. Trop vite. Pourquoi nous sommes prisonniers du court terme. Ed Albin Michel. 2010. 198 pages.

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